Shiori Murakami est une jeune femme au foyer un peu paumée, vivant à Tokyo, de nos jours. Elle a un mari, et vit une vie bien rangée, à l'exception de cette manie que le couple a de se droguer assez régulièrement. Justement, aujourd'hui, 7 avril, Shiori se réveille mal à l'aise. Elle est pâteuse, et reçoit un choc lorsqu'elle voit la quantité de somnifères qu'elle a pu ingurgiter la veille, avec son mari. C'en est trop ! Shiori ne prend pas la peine de réveiller son mari, et part de l'appartement conjugal...
C'est d'abord chez une ancienne amie de la fac qu'elle se rend. La jeune femme semble avoir mieux réussi que Shiori, professionnellement en tout cas. Elle a un bel appartement, une situation confortable, mais elle aussi, elle est prise par le démon de la drogue. La belle entente des retrouvailles du départ laisse la place à une inquiétude grandissante, et Shiori est bien forcée de quitter cette nouvelle vie.
C'est chez son ex de jeunesse qu'elle se rend alors. L'homme a divorcé et a repris contact avec Shiori. Mais le bel adolescent qu'il était est devenu un adulte à la brioche facile, et le voilà père de cinq enfants qui plus est, pas moins ! Shiori n'a cependant pas vraiment le choix, et finalement cet homme est plutôt gentil, en dehors de certaines réactions de ses filles qui semblent en être parfois effrayé...
C'est ainsi à une véritable descente aux enfers que nous assistons ici avec Sad Girl. Le livre porte bien son nom, et n'est pas sans rappeler Première neige, un manga scénarisé par Eric Corbeyran, avec un certain Byun Byung Jun au dessin. Ici, on retrouve une jeune femme asiatique totalement désespérée, qui connaîtra la rue et le retour chez sa mère, qui doit ravaler sa fierté pour cela.
Le livre est dur, mais il est incroyablement prenant... Le dessin de Kan Takahama tout en noir et blanc est d'un réalisme saisissant, ainsi que d'une grande force. Graphiquement, le pari est réussi, avec un livre accrocheur dont le dessin ne fait que mettre en avant la lisibilité et le récit.
Une lente descente aux enfers donc, à laquelle on assiste totalement impuissant, mais avec un intérêt peut-être un peu voyeur, mais très grand. Une belle réussite donc si on aime la tranche de vie et si la réalité de certains malheurs ne fait pas peur.