Les Chroniques de l'Imaginaire

La vieille Anglaise et le continent et autres récits - Debats, Jeanne-A

Ce recueil de neuf nouvelles écrites par Jeanne-A Debats, réédite en un seul volume deux ouvrages : La vieille Anglaise et la mer et Stratégies du réenchantement , publiés respectivement en 2008 et 2010 par les éditions Griffe d’encre.

La vieille Anglaise et le continent : Lady Ann Kelvin est mourante. Et elle refuse d'avoir recours à la transmnèse, cette méthode qui permet de transférer l'esprit d'une personne dans un corps plus jeune. Pourtant, quand son ancien amour Marc lui rend visite et lui parle de son projet, elle va accepter. Non pas le transfert dans un clone humain, ce contre quoi elle s'est toujours battue mais dans le corps d'un orque. Dans quel but ?

Aria Furiosa : Orlando, le dernier castrat, ne chante plus depuis cinq ans. Et il ne va certainement pas accepter de se produire lors de la visite du maréchal Rommel. Seulement, on ne refuse pas impunément à un SS et Orlando va l'apprendre à ses dépens.

Saint Valentin : Et si vous étiez la femme d'un sérial killer ? Pas facile tous les jours, même si le vôtre s'est spécialisé dans le meurtre de créatures fantastiques. Alors quand vous découvrez un nain bleu dans le frigo et que celui-ci vous propose de l'aider à s'enfuir en échange d'un vœu, difficile de ne pas rêver d'une vie normale. Mais êtes-vous certaine de gagner au change ?

Paso Doble : La corrida va faire son grand retour après plus de deux cent ans d'absence. Depuis deux ans et demi, des enfants tirés de la misère s’entraînent pour faire revivre cet ancien art. Seulement, les rivalités au sein de l'équipe risquent d'avoir une issue tragique.

Stratégies du réenchantement : Il a eu la chance de naitre au bon moment et de pouvoir jouir de ce qu'on a appelé la Deuxième Libération Sexuelle. Baisant à tout va, il a profité de cette liberté encore et encore, passant même miraculeusement entre les mailles de la grande maladie qui avait fait son retour : le Sida4. Enfin jusqu'au jour où il a fait un excés de trop, où il a mis une femme enceinte avant de lâchement l'abandonner. Cette même femme s'est vengée en le contaminant. Depuis il ne vit que pour les visites de sa fille Emeline.

Privilège insupportable : Depuis la Der des Ders des Ders dont les bombes ont irrémédiablement pollué et stérilisé la Terre, l'humanité vit terrée dans le Complexe. Là, l'air est rare et respirer un combat de chaque instant. Un homme pourtant a décidé qu'il en avait assez de compter chaque bouffée et travaille en secret à son projet.

Gilles au bûcher : L'hiver nucléaire, une base et un homme Gilles qui a récrée plusieurs générations d'hommes et de femmes. Pourquoi et dans quel but ?

Fugues et fragrances aux temps du Dépotoir : Bienvenue dans la station Cecylia, communément appelée Depotoir. Pas facile de vivre dans ce lieu qui fonctionne tant bien que mal entre changement brusque de gravité, plis, déplis et saute-temps. Les vrais habitants s'y sont habitués et cela leur est bien utile pour échapper aux envahisseurs.

Nettoyage de printemps : être contrôleur des voyages dans le temps, ce n'est vraiment pas marrant. On est surtout chargé de nettoyer les saletés et de réparer les erreurs des voyageurs imprudents. Et si un jour, un contrôleur décidait de réparer LA grande erreur ?

Comme moi, je vous encourage à découvrir l'œuvre de Jeanne-A Debats dans ce recueil. Toutes situées dans un futur qu'on espère lointain, à l'exception d'Aria Furiosa, ces histoires tournent autour du choix. Chacun des protagonistes se retrouve dans une situation où il peut soit continuer à vivre sans rien changer, soit oser un acte, une action qui va bouleverser sa vie. Ce choix n'est pas forcément moral au sens sociétal du terme mais se justifie pour la vie ou la survie de l'individu et c'est tout ce qui compte. J'ai beaucoup aimé tous ces récits, avec une petite préférence pour La vieille Anglaise et le continent et Privilège insupportable. L'auteur réussit à nous entrainer dans son univers même si celui-ci n'est pas joyeux, l'homme ayant en général réussi à détruire la Terre telle que nous la connaissons. Il n'y a que Fugues et fragrances aux temps du Dépotoir que je n’ai pas apprécié. J'ai été totalement perdue dans les détails techniques et je suis certainement passée à côté de l'histoire. A noter une très bonne postface de Jean-Claude Dunyach qui apporte un éclairage non négligeable sur l'œuvre.