Depuis que le roi actuel a succédé à son père sur le trône de Gernie, les choses ont beaucoup évoluées. La guerre avec Canteterre est enfin résolue, même si les côtes ont été cédées. Le royaume s'agrandit donc vers l'est, vers les contrées plus sauvages, plus arides. Pour services rendus, des soldats, fils militaires de familles nobles ou non, ont été anoblis créant ainsi une nouvelle aristocratie. L'ancienne, la vieille, n'a pas vu ça d'un très bon il, surtout que la voix de tous les nobles au conseil des seigneurs pèsent le même poids. Mais ainsi en va-t-il de la volonté du roi.
Keft Burvelle fait partie de ses nouveaux nobles. Pour hauts faits d'arme, le roi l'a anobli, lui le deuxième fils de la famille Burvelle destiné à une carrière militaire, comme le dicte les écrits. Il entend donc perpétrer les traditions avec ses propres enfants. Jamère est son deuxième fils, il sera donc militaire. Et son père compte bien le préparer à cela, dès son plus jeune âge.
Jamère doit rentrer dans la cavella. Mais son père veut qu'il soit plus qu'un officier cavalier. Il va donc le confier un temps à Dewara, un ancien ennemi que Keft a soumis. C'est un nomade Kidona aux étranges coutumes. Durement, sévèrement et douloureusement, Jamère va apprendre les enseignements de Dewara. Mais il va faire bien plus que cela. Durant leur périple, Dewara va l'emmener dans un monde étrange, un monde-rêve, où il espère que Jamère aura son rôle à jouer pour l'avenir de son peuple. De retour chez lui, Jamère va suivre le chemin qui lui est tracé et intégrer l'école de la cavella du royaume. Seulement, il va se rendre compte que les fils des anciens et des nouveaux nobles ne sont pas logés à la même enseigne. Il découvrira aussi que son incursion de le monde-rêve n'est pas sans conséquence.
Le soldat chamane était la seul série parue sous le nom de plume de Robin Hobb que je n'avais pas encore lue. Les éditions Pygmalion décidant de publier l'intégrale de la série, c'est naturellement que je me suis jeté dessus. Et, comme toujours, je n'ai pas été déçu. Le monde dans lequel évolue Jamère Burvelle n'est en rien comparable à ceux décrits dans les autres séries que sont L'assassin royal, Les aventuriers de la mer ou encore Les cités des Anciens. Nous ne sommes pas dans un univers médiéval, même si celui-ci est bien féodal. Par certains côtés, on a des relents d'une conquête de l'Ouest poussiéreuse, même si on est très loin d'un western. C'est assez difficile à résumer. La magie est par contre bien présente, même si, comme toujours, elle l'est pas petites touches. Le chapitre d'introduction nous laisser entrevoir beaucoup plus que ce que nous découvrirons par la suite, mais je suppose qu'il sert à poser le décor nécessaire pour les tomes à venir.
Tout comme FitzChevalerie, Jamère Burvelle est un enfant qui suit le chemin tracé pour lui. Cela ne l'empêche pas de se poser des questions et de remettre parfois en question ce qu'on lui a enseigné. Il est encore en pleine recherche de qui il est réellement. Vous le découvrirez, les chemins ne sont pas tout tracés pour lui et il va devoir se faire ses propres expériences pour se forger. Nous passons beaucoup de temps avec Jamère dans ses études. Les passages à l'école m'ont captivés. Pourtant, en y regardant de plus près, on ne peut pas dire que l'action y soit omniprésente mais le talent de conteur de Robin Hobb suffit à nous plonger totalement dans le récit. On vibre en même temps que Jamère, même si les enjeux ne nous semblent pour l'instant pas forcément grandioses. Mais c'est justement ce quotidien qui fascine, parce qu'on peut facilement se mettre à la place du jeune homme. À travers sa famille, on découvre aussi une monarchie qui se délite petit à petit sous l'emprise d'anciens nobles qui ont l'impression de perdre peu à peu de leur pouvoir.
Une nouvelle fois, c'est une série que l'on dévore avec envie et plaisir. J'ai hâte de retrouver Jamère pour découvrir comment sa vie va évoluer et comment il va affronter les nouvelles épreuves qui vont se présenter à lui.
