A treize ans, l'impétueuse Malian est déjà consciente de ses devoirs d'Héritière de la Nuit : appartenant à la plus ancienne des neuf Maisons Deraï, elle est vouée à monter la garde près du Mur de la Nuit pour contenir leur ennemi ancestral, l'Essaim des Ténèbres. Qu'importe que l'Essaim ne se soit pas montré depuis des siècles, la frontière reste un territoire dangereux et la jeune fille rêve d'un fabuleux destin, à l'image de la légendaire héroïne Yorindesarinen qui a vaincu le Ver du Chaos...
Sa vie va basculer en une seule nuit. L'Essaim attaque en force le château de sa famille, décidé à tuer Malian : En effet, elle pourrait être l'Elue annoncée par une prophétie, qui doit unir son peuple pour le mener à la victoire finale contre l'Essaim. La nécessité de sa survie réveille les dons psychiques latents de la demoiselle, qui se retrouve à faire une petite balade dans le Monde des Rêves ! Malheureusement, depuis la Grande Trahison cinq siècles auparavant, la caste des guerriers et celle des prêtres (dans laquelle sont obligatoirement exilés les porteurs-de-pouvoirs) sont strictement séparées. Malian ne saurait rester l'Héritière de son père dans ces conditions. Le chemin s'annonce difficile pour l'Enfant de la Nuit.
Une adolescente dotée de pouvoirs cachés qui se découvre au centre d'une prophétie et qui doit sauver son monde, voilà qui à priori ne sort pas des sentiers battus. De loyaux compagnons, des ennemis terrifiants, une quête... Rien de nouveau sous le soleil. Bien sûr, Helen Lowe a mélangé tous les ingrédients à sa sauce, mêlant le tout en un univers riche. On rencontre ainsi plusieurs peuples avec des murs et des dons différents, des dons psychiques divers, des ennemis fantastiques tous plus effrayants les uns que les autres, etc.
Le peuple Deraï, en particulier, a une Histoire qui remonte des siècles en arrière : arrivé sur la Tairre des siècles auparavant alors qu'il n'en était pas originaire, il s'est depuis dédié à la lutte contre l'Essaim, restant à l'écart des autres peuples. Le temps passant et l'ennemi ne montrant guère le bout de son nez, les querelles intestines ont divisé les Deraïs, qui ont beaucoup perdu de leur grandeur de jadis : Leurs pouvoirs se sont atrophiés, leurs connaissances ont sombré dans l'oubli...
Au début, le contexte est parfois un peu confus (je pense notamment à la différence entre le Sang et la Maison du Sang). Très vite cependant, on est emportés par l'histoire. Certes, le récit est un peu linéaire, se concentrant sur ce qui arrive à Malian et son nouvel ami le novice Kalan (qui a des pouvoirs complémentaires aux siens, comme on pouvait s'en douter !). On a donc un peu de mal à appréhender ces aventures dans un ensemble et à voir comment tout cela va évoluer. Mais comme il y a beaucoup de rythme, on ne s'ennuie pas un instant. Pour le moment, les questions s'accumulent et on sent bien que nous n'en sommes qu'au début.
Les personnages, tant principaux que secondaires, sont plutôt attachants. Dans l'ensemble, ils sont assez manichéens... quoique, puisque l'on connait l'existence de traitres, certains doivent cacher leur jeu. Certains des personnages secondaires sont vraiment intéressants et on espère les revoir en bonne place dans la suite de cette trilogie.
Je conclurai en disant que, même si j'ai souligné le manque d'originalité, la plume de l'auteure est si agréable que j'ai pris grand plaisir à cette lecture. D'autres ont du penser comme moi, puisque ce roman a été couronné en 2011 meilleur roman de SF/Fantasy par le prix néo-zélandais Sir Julius Vogel Awards.