Les Chroniques de l'Imaginaire

Le secret du taureau (Zodiaque - 2) - Corbeyran, Eric & Horne

Dans le pénitencier d'état d'Angola, en Louisiane, un homme, Mike, s'apprête à se trancher les veines. Il n'en peut plus de cette vie et compte y mettre un terme. Mais alors que la lame approche de son avant-bras, son compagnon de cellule, John Bull, l'empêche de commettre l'irréparable. Il a foi en Mike et sait qu'il est innocent du crime dont on l'accuse. John doit bientôt sortir de prison et il fait la promesse à Mike de l'attendre devant les portes le jour de sa sortie.

Avril 2012, à la Nouvelle Orléans, au siège de la fondation John Bull. Mélanie Hodges a rendez-vous avec John pour faire une interview. Elle travaille pour un nouveau magazine féminin dont un des crédos est la finance. En tant qu'ancien magnat de la finance, John Bull semblait être un personnage incontournable pour le magazine. Il a été une figure de proue de la finance de la fin des années 90, même s'il s'est rangé depuis. À cette époque, il était loin d'être un philanthrope comme aujourd'hui. Il voulait devenir riche, très riche, et c'est ce qu'il a fait.

Seulement ce passé, ou du moins une partie de lui, va le rattraper.

Le secret du taureau est le deuxième tome de la nouvelle série d'Eric Corbeyran, Zodiaque. La bonne idée a été de la sortir en même temps que son prédécesseur. Les lecteurs ont ainsi pu tout de suite se faire une idée plus précise de la série. Une nouvelle fois, nous avons un fil rouge, l'histoire de cet ancien trader, qui n'est pas d'une originalité folle. Cependant, avec son talent et par petites touches, Corbeyran s'éloigne des poncifs pour nous emmener dans ce monde de Zodiaque. On n'apprend pas ce fameux secret du taureau tout de suite, même si, après avoir lu le premier tome on se doute un peu de ce qu'il peut être ou au moins de sa source. Il faut un peu de temps pour que les différents éléments se mettent en place. Et, finalement, cette histoire peu intéressante d'une rapide ascension sociale se trouve devenir passionnante. On veut savoir exactement ce qu'il en est.

Pour ce deuxième tome, c'est Horne qui est aux dessins. Ce n'est d'ailleurs pas sa première collaboration avec Corbeyran (on pourra citer, par exemple, le premier tome de Le port de la Lune ou bien encore La métamorphose, adaptation de l'histoire de Kafka). Son trait réaliste très proche du comic convient parfaitement à cette ambiance financière. Nous sommes dans une ambiance américaine et quoi de mieux qu'un trait qui s'y prête pour nous emmener au-delà de l'océan ? Il n'y a pas beaucoup d'action dans ce tome, mais les émotions sont par contre très bien rendues. John Bull, s'il peut paraitre froid par certains moments, surtout plus jeune, n'est pas insensible à ce qu'il se passe autour de lui et Horne arrive parfaitement à le retranscrire dans son dessin.

Toujours subtilement, des éléments plus globaux à la série sont insérés, notamment avec la dernière planche. Peut-être pourrons-nous commencer à nous faire notre propre idée de ce qui se cache réellement derrière tout ça avant le treizième tome ? Je pense qu'il faudra quand même attendre au moins les deux prochains pour que l'horizon s'éclaircisse un peu plus.

On notera par contre quelques incohérences dans les dates annoncées dans les études et la carrière de John Bull ? Volonté ou simple erreur de relecture ? Je ne sais pas. Mais cela ne nuit pas à la lecture générale du tome.