En janvier 1960, il ne reste à Marilyn Monroe que deux ans et une poignée de mois à vivre. En plein tournage du Milliardaire, l'actrice se débat avec ses angoisses et fait appel à celui qui sera son dernier psychanalyste : le docteur Ralph Greenson. Entre ces deux êtres complexes va se nouer une relation à la mesure de leurs névroses respectives.
Le roman Dernières séances s'inspire des dernières années de vie de la célèbre actrice. Le propos est centré sur le mal-être de Marilyn : son besoin d'être regardée, désirée, aimée pour se sentir vivre ; ses nombreuses dépendances - à l'alcool, aux médicaments, à la psychanalyse - ; sa relation peu conventionnelle avec le Dr Greenson... Sans jamais tomber dans la liaison physique, l'actrice et le psychanalyste se sont néanmoins engagés dans une relation de co-dépendance très critiquée, à tel point qu'on a soupçonné Greenson d'être responsable de la mort de l'actrice.
J'ai adoré ce livre. J'avais déjà beaucoup d'admiration pour Marilyn Monroe, cette femme fascinante, complexe et touchante. La lecture de ce roman a confirmé ce sentiment. Michel Schneider rend à merveille son désarroi, son intelligence, son impuissance à panser ses blessures. La construction de Dernières séances est souvent décousue, volontairement. On entre ainsi dans les pensées de Marilyn par le prisme d'une multitude d'anecdotes, de fragments de dialogues. Le style est épuré, parfois presque clinique, et d'une grande justesse. Il se dégage de ce roman une impression très sombre. Le parcours de cette étoile du cinéma américain est vraiment dramatique. A de nombreuses reprises, ce que l'on lit dans Dernières séances fait froid dans le dos : les rapports étroits, presque incestueux, entre l'industrie du cinéma hollywoodien et les psychanalystes qui "prennent en charge" les acteurs, tous plus névrosés et abrutis de médicaments les uns que les autres ; les tentatives de Marilyn Monroe, toujours vaines, pour trouver l'amour de sa vie, celui qui comblera les carences affectives de son enfance ; les sévices sexuels qu'elle aurait subi de la part de personnalités importantes de la politique et du show-business...
Ce qui m'a le plus gênée dans ce livre - ou frustrée plutôt -, c'est que, comme tous les romans s'inspirant de personnes réelles, on ne sait jamais ce qui appartient à la réalité et ce qui est du domaine de la fiction. Dans sa brillante postface, l'auteur se décrit d'ailleurs comme un faussaire, reconnaissant volontiers avoir mélangé le réel et les mensonges. Les spécialistes de l'actrice parlent pourtant de Dernières séances comme d'un ouvrage très bien documenté.
Quoi qu'il en soit, Dernières séances est un roman magnifique sur les dernières années de vie d'une femme incroyable qui n'a jamais cessé de perdre pied. Dérangeant par certains aspects, souvent très sombre, il est surtout profondément humain et très respectueux de la femme qu'était Marilyn Monroe.
