Les Chroniques de l'Imaginaire

Le poids du papillon - Luca, Erri (de)

Sa mère avait été abattue par un chasseur et sa soeur emportée par un aigle. Il avait grandi seul et sans règles puis était devenu roi en un jour, à l'issue de son premier combat contre un mâle dominant. Depuis il régnait sans entrave ni partage, n'ayant jamais été défié. Pourtant ce matin de novembre, seul et vieux, le roi des chamois sentait que la fin était proche. C'était sa dernière saison. Ne voulant pas que son règne s'achève sous l'attaque d'un plus jeune, il choisit de partir pour mourir seul. C'est alors qu'il le sentit, lui, l'assassin de sa mère.

L'homme avait abattu un mois plus tôt son trois cent sixième chamois, un jeune et robuste mâle portant une blessure au flanc. Il avait reconnu la marque du roi des chamois, signe que l'animal qu'il traquait depuis des années était encore en vie. Seulement il ne devait pas rester beaucoup de temps si il voulait l'ajouter à son tableau de chasse. L'homme était un braconnier intrépide et agile, osant aller là où personne n'avait jamais posé le pied. On l'appelait le roi des chamois mais il refusait ce titre, arguant qu'il était un simple voleur de bétail. Il vivait seul, isolé du monde et ce matin de novembre, il se leva fatigué. L'âge le rattrapait. Mais il ne voulait pas partir avant d'avoir mené sa dernière chasse, celle contre le roi des montagnes.

Deux rois, deux solitaires et un combat, l’ultime combat.

Porté par la voix chaude et grave de Jean-Pierre Lorit, le texte d’Erri De Luca est un hymne poétique à la nature sauvage, à la vie, un duel au sommet entre un animal et un braconnier, tous deux à la fin de leurs existences. Des phrases courtes, autant de petits instants immortalisés par la magie des mots.

Pourtant, même si je reconnais la beauté du texte, je suis passée à côté. J'ai trouvé cette lecture longue et ennuyeuse alors qu'elle a tout juste la durée d’une longue nouvelle. Peut-être est-ce la construction non linéaire du récit, qui part dans une direction avant de virer brutalement et d'aller tout ailleurs. Je n'ai pas trouvé de cohérence en dehors de l'envie de faire de belles formules poétiques. Ou peut-être est-ce dû à la voix du conteur, trop lourde de silence. Mais nul doute que les amateurs de l'auteur italien prendront plaisir à écouter ce texte.

Le titre est disponible en version papier chez Gallimard, dans la collection Du monde entier.