Les Chroniques de l'Imaginaire

Désolation (Le fléau - 5) - Aguirre-Sacasa, Roberto & Perkins, Mike

Nick Andros voyage maintenant à vélo. Quand il traverse May, dans l'Oklahoma, il ne s'attend pas à ce qu'un corps se relève pour le souhaiter le bonjour. Surpris, apeuré, il va chuter. Et c'est là qu'il va faire la connaissance de Tom Cullen, un attardé. Voilà qui ne va pas simplifier les choses pour communiquer entre un sourd muet qui ne peut qu'écrire et une personne qui ne sait justement pas lire. Tom a de temps en temps des absences : sa tête penche alors, sa langue sort de sa bouche, mais cela ne dure jamais trop longtemps. Tom n'est pas fait pour rester seul, surtout dans les circonstances actuelles. Nick va donc décider de l'emmener avec lui.

Alors qu'ils voyagent tous les deux à vélo, aux alentours de Rosston, ils sont surpris par le ciel qui s'assombrit d'un coup. Et c'est là qu'une tornade apparait. Dans le ciel, on pouvait presque voir un visage dessiné par les nuages, si seulement on avait pris le temps de bien regarder. Mais Nick et Tom n'en ont pas, de temps. Ils se réfugient dans le sous-sol d'une grange. Ils n'ont pas de lumière et au-dehors, les éléments se déchaient. De quoi faire peur à n'importe qui. Nick, dans cette totale obscurité, sent la présence de l'Homme Noir, celui de ses rêves, de ses cauchemars. Il en est certain, ils ne sont pas totalement seuls dans ce sous-sol. Et Tom, aussi demeuré soit-il, s'en est aussi rendu compte. Il pleure tellement il a peur de cette chose qui rôde autour d'eux.

Une petite moitié de ce cinquième tome de Le fléau s'intéresse au devenir de Nick Andros et de sa rencontre avec Tom Cullen. Ce personnage est à la fois attachant et agaçant. Son côté enfantin mais aussi sa sensibilité à fleur de peau sont parfaitement rendus et cela contraste avec le monde du silence dans lequel vit Nick. Lui ne peut s'épancher, alors c'est Tom qui le fait. Et ce duo fonctionne parfaitement, comme s'il se complétait. Et dans ce monde où les survivants sont extrêmement rares et pas forcément armés de bonnes intention, trouvé une compagnie est une chose précieuse.

C'est aussi ce que va découvrir Larry Underwood. Depuis la mort de Rita et sa chute de moto, il voyage à pieds. Mais il est à bout. Bientôt, il va arriver au bord de mer et rencontrer une femme et un jeune homme. Lui ne parle pas et se promène toujours en short. Elle semble un peu nomade et a pris sous son aile le jeune homme. Ils se prénomment Nadine et Joe. Malgré une certaine distance, Joe ayant quand même attaqué Larry au couteau en le voyant, ils vont décider de faire un bout de chemin ensemble. Mais il semble que les rêves qu'ils font de Mère Abigail vont les éloigner un peu. Elle prend peu à peu un peu plus d'importance dans le récit. Elle appelle à elle ceux qui ne sont pas forcément tentés tout de suite par Randall Flagg. Mike Perkins arrive une nouvelle fois parfaitement à retranscrire cette vieille femme. Son visage semble un parchemin prêt à se craqueler et à tomber en morceaux.

C'est toujours avec habileté que Roberto Aguirre-Sacasa et Mike Perkins nous font avancer dans ce récit qui prend maintenant le temps. Il faut que les choses s'installent d'elles-mêmes afin de préparer le futur. Un futur que l'on sent complexe, pas seulement avec les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. Cette adaptation tient donc une nouvelle fois toute ses promesses. Malgré un côté qui pourrait être peu attractif, parce qu'on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'action ni de surprises, contrairement aux débuts, les deux auteurs savent mener leur barque pour que le tout soit quand même passionnant.