Les Chroniques de l'Imaginaire

Lord of war

Yuri Orlov vit à Little Odessa, dans le quartier de Brooklyn. Il est lui-même né en Ukraine mais ses parents ont vite migré vers les États-Unis, se faisant passer pour des juifs persécutés. D'ailleurs, son père a toujours conservé ses habitudes, étant même parfois plus juif que les vrais juifs. Ses parents tiennent un petit restaurant dont le cuisinier n'est autre que Vitali, le frère de Yuri. Mais il n'est pas très compétent dans son domaine. Un évènement malheureux va un jour faire prendre conscience à Yuri qu'il y a beaucoup d'argent à se faire dans la venter d'armes. Après avoir décidé son frère à le rejoindre, le voilà qui se lance en freelance dans ce commerce litigieux.

Un jour, un acheteur va décider de payer les frères en cocaïne. Les frères n'ont pas d'autre choix que d'accepter, après que Yuri se soit pris une balle dans le ventre. Mais Vitali va être tenté et s'enfuir avec un des huit paquets de drogue. Yuri va le retrouver et l'envoyer en cure de désintoxication, mais les choses ne seront plus jamais comme avant entre eux. Yuri va donc poursuivre son chemin, et son ascension, seul. Il va même réussir à draguer la femme de ses rêves, Ava, une mannequin. Entre sa vie de famille modèle, la traque d'Interpol et son business, il devra faire preuve d'intelligence et de sang froid pour ne pas se faire prendre et concilier le tout de la meilleure des manières.

Lord of war raconte la vie d'un homme qui vit en vendant des armes aux autres. Peu scrupuleux, il ne regarde pas à quoi vont servir ses armes. Ce ne sont pas ses affaires et cela lui permet de ne pas avoir une conscience trop chargée. Il va devoir apprendre à naviguer dans de hautes sphères cachées, graisser des pattes à tout bout de champ et jouer au filou pour réussir à se faire un nom. Il arrivera ainsi à être le principal fournisseur de pays frappés pourtant d'un embargo sur l'importation d'armes.

Le film est amoral, c'est certain, et fait preuve d'un grand cynisme. Mais il ne dépeint rien de plus que notre propre monde où on arme des enfants pour faire la guerre, où le fait de porter une arme est un droit inaliénable dans certains pays, où les puissances, même celles soit disant en temps de paix, passent quand même beaucoup de temps à s'armer "au cas où". D'ailleurs, la fin du film, sa "morale", est très bien faite : les vendeurs d'armes freelance comme Yuri ne sont qu'une toute petite partie du gâteau. Les plus gros vendeurs d'armes au monde sont cinq pays qui, ironiquement, sont aussi les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU. Une bien belle hypocrisie.

Le film est dur, principalement à cause du détachement de Yuri de tout ce que les autres font avec ses armes. Il est cynique. Mais c'est un film salutaire malgré tout, qui ose montrer des choses qu'on préfère généralement taire. Parce que si on n'en parle pas, ça n'existe pas vraiment, non ?