Les Chroniques de l'Imaginaire

On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux - Bober, Robert

Lorsqu'en 1962 sort sur les écrans le film Jules et Jim de François Truffaut, c'est un grand moment pour Bernard. C'est grâce à ce film qu'il a pu revoir et embrasser Laura. En tant que figurant, certes, c'était pour le cinéma. Mais le goût de ses lèvres était bien là. Il se languit de se revoir avec elle sur l'écran, et c'est avec sa mère qu'il va au cinéma, empli de fierté.

Mais cette séance ne va pas tourner comme il l'avait pensé. Elle va donner lieu à une série de souvenirs. La mère de Bernard va lui raconter pour la première fois le trio amoureux qu'elle formait avec les deux hommes de sa vie, qui étaient amis, et avec qui elle s'est mariée, laissée veuve par deux fois. Pour Bernard ce sera une fenêtre ouverte sur un passé qu'il ne connait pas, et un flot de souvenirs s'ensuivra, motivés par des lieux de Paris qui ont une importance toute particulière à ses yeux.

Au gré de ses pensées ce sont des souvenirs de famille qui seront évoqués, des amitiés, des personnages de bistrots... Le temps va et vient, on ne sait pas toujours si Bernard raconte le présent, un passé proche, un passé plus lointain. Nous suivons ses pensées comme elles viennent. Mais à mesure que le récit avance certains évènements se détachent et prennent une place particulière, qui mettent particulièrement en lumière l'histoire de sa famille, troublée par la guerre. Il ne se passe rien de véritablement palpitant mais Bernard est d'emblée un homme attachant, qu'on a envie d'écouter dans ce récit lent, paisible, quelque peu décousu mais tout en cohérence, et plein d'une tendresse qu'il est bon de lire de temps en temps.