Pourquoi j’ai voulu détruire ce monde - Bicargo
Les humains ont réussis à s'implanter dans l'espace, dans des îlots appelés tores. Celui de Stanford possède une immense roue qui, en tournant et grâce à la force centrifuge, recrée une gravité telle qu'on la connait sur la Terre. Deirdre a grandi dans ce tore mais elle a un correspondant sur Terre, Karl. Pour un torien, aller sur Terre est comme un pèlerinage. Et Deirdre compte bien faire le sien, tout en en profitant pour rencontrer enfin cet ami virtuel qu'est Karl. Elle part donc avec de belles idées en tête. Il faut dire que la vie dans les tores est plutôt agréable et elle pense, à juste titre, que celle de la Terre a la même saveur.À peine arrivée, elle se prend une contravention parce qu'elle a apporté des crêpes faites par sa tante. Cela ampute sérieusement son budget, mais Deirdre est forte et ne se laisse pas impressionner par cette déconvenue. Avec son maigre budget, elle va se prendre une petite chambre. Juste le minimum vital. Et elle va devoir travailler pour espérer rester un peu et donc voir Karl. Mais de jour en jour Deirdre va découvrir que la vie sur Terre est loin d'être idyllique, même si elle n'est pas totalement pourrie non plus.Les pérégrinations de Deirdre ou
Pourquoi j'ai voulu détruire ce monde est une bande dessinée rétrofuturiste dont le seul maître d'uvre est Bicargo. Scénario, dessin et couleurs sont assurés par la même personne, et ce sur un nombre de pages conséquents. Son univers est très marqué, visuellement parlant. C'est donc futuriste dans l'âme, non seulement avec les tores et la colonisation de l'espace, mais même sur Terre, les éléments ne sont pas les mêmes. Par contre, il y a un côté rétro très prononcé. Cela se ressent dans le trait, qui ressemble parfois à de vieilles publicités, mais aussi dans les personnages. Il y a des hommes qui ont des coupes, des raies, que l'on ne voit plus depuis des années. Même les couleurs font vieillotes, sans paraitre pour autant ridicules. Et puis, certains à-plats sont réalisés comme c'était la mode dans les comics, par exemple, dans les années 60/70 : avec des points nombreux pour donner une impression des texture. Ça c'est pour la forme.Sur le fond, Bicargo essaye de montrer une Terre qui est finalement très proche de la nôtre. Donc, avec un voyage d'une étrangère à notre monde, il essaye de montrer des absurdités, des incohérences, sans pour autant forcer le trait pour rentrer dans la pure chronique sociale. Non, c'est avant tout une uvre de science-fiction mais qui n'hésite pas à écorcher un peu nos mauvais côtés pour nous les mettre en pleine figure.Cette bande dessinée est donc un tome intelligent fait avec beaucoup de finesse et de talent. Le personnage de Deirdre est très humain et c'est sa plus grande force. Elle est nous, avec nos défauts et nos qualités.