Nous sommes en Mandchourie, en 1945. Les russes sont en guerre avec le Japon depuis le 9 août au soir. Alors, en Mandchourie, les esprits s'échauffent dans la base militaire de Pingfan. Le commandant Ishii a donné l'ordre de faire disparaître toutes les preuves sur ce qui se passait dans ce centre. Plusieurs cobayes humains doivent être gazés dans la précipitation, tandis que les soldats japonais fuient par centaines en direction de la Corée, ayant comme bruit de fond les rumeurs folles qui circulent autour de l'explosion d'une bombe à Hiroshima.
Nous sautons quelques années, et nous voilà en août 2002, au Japon cette fois. Jonathan Harvester, un journaliste scientifique londonien, est accueilli par Kuniko Muraki, la fille d'un célèbre professeur fortement réputé pour ses recherches sur le sang artificiel. Kuniko a la particularité d'être couverte de bandelettes, à l'exception du visage qu'elle a très joli au demeurant. Jonathan n'y prête aucune attention, et est vite impressionné par la magnifique demeure des Muraki.
Rapidement, l'ambiance ne convient pas à Jonathan. Les repas sont de plus en plus tendus, et il s'avère que la population locale craint les Muraki. Le vieux professeur est directeur d'une université élitiste, et il est craint par nombre de ses étudiants. C'est pourtant deux d'entre eux qui vont pouvoir aider Jonathan Harvester dans ses recherches, en lui donnant des rendez-vous à l'insu des Muraki, et en le prévenant sur sa propre sécurité.
Les fabriques de la mort : voilà un premier tome qui est pour le moins sombre et glauque ! Nous sommes sur un fond d'expériences interdites faites sur des cobayes humains pendant la guerre, face à un génocide humain masqué par la solution finale imaginée par Hitler durant cette même guerre. Ces expériences auraient ainsi perduré au Japon, dans le plus grand secret bien évidemment... Jonathan Harvester ira ainsi de surprise en surprise, en bravant les interdits imposés par Muraki et son inquiétante fille.
Seules les correspondances qu'entretient Jonathan avec sa compagne à Londres permettent au lecteur de sortir du cadre de ce qui ressemble fort à un huis-clos nippon, renforcé par les traits précis et les couleurs volontairement sombres de Martin et Froissard.
Scolombe nous plonge dans un récit délicieusement mystérieux, bourré de complots, où la paranoïa n'est jamais bien loin. Une belle découverte avec ce premier tome de très bonne facture.