Les Chroniques de l'Imaginaire

Le castrat et les rois fous (Le voleur de voix - 1) - Vachon, Jean-Nicholas

Nathaniel Champagne a vécu ses vingt cinq premières années en ignorant tout du ténébreux secret de sa famille. C'était le temps de l'innocence, et il ne le savait pas. Par une nuit d'orage quelques années plus tard, un inconnu brise sa fenêtre et lui rappelle la promesse qui les lie.

Au XVIIe siècle, l'orfèvre Tavernier emmène dans un long voyage un jeune homme bien tournée. Après la cour de Perse, dont le roi fascine le jeune Maximilien par sa beauté, leur périple les mène en Inde, où le jeune serviteur commet l'imprudence de voler une pierre précieuse protégée par la malédiction de la déesse Kali.

Le jeune Carlo Broschi a une voix si exceptionnelle que tous s'extasient. Pour la lui conserver, et selon les coutumes du temps, il est fait castrato, apprend le chant avec Porpora, à Naples, puis deviendra un chanteur célébrissime, sans doute le plus connu de tous les temps et adulé par toutes les cours d'Europe à son époque, c'est-à-dire le XVIIIe siècle.

L'idée de base d'entremêler les différents lieux et temps dans une même fascination pour la voix humaine, celle-ci étant seule capable de faire fuir les démons, ne peut que séduire un amateur d'opéra. Le rythme est vif, malgré quelques longueurs et verbosités de style.

A ce propos, j'ai personnellement regretté l'usage, que j'ai trouvé trop fréquent, pour ne pas dire systématique, du cliffhanger, et le passage rapide d'un personnage à l'autre m'a paru nuire au maintien de l'intérêt. D'autant qu'on ne sait à peu près rien des personnages "modernes", et que le roman est trop exclusivement peuplé d'êtres exceptionnels (de quelque façon qu'ils le soient, par leur nature ou leur talent), au détriment de toute vraisemblance, et au risque du décrochage du lecteur.

Je n'en lirai pas moins le deuxième tome avec plaisir, dans l'espoir que les éléments qui m'ont gênée dans le premier y soient moins sensibles, et que je puisse profiter davantage du thème.