Les Chroniques de l'Imaginaire

Mère Abigaïl (Le fléau - 6) - Aguirre-Sacasa, Roberto & Perkins, Mike

Le groupe de Stu et Frances a récupéré de nouvelles personnes ; les femmes qui servaient d'esclaves sexuels et de souffre-douleur à la bande d'hommes qu'ils ont croisé récemment. Heureusement, elles ont réussi à se libérer et ont donc rejoint le petit groupe. Elles s'intègrent plutôt bien, malgré les horreurs qu'elles ont pu vivre. De son côté, Frances en pince toujours pour Stu. Elle sait pertinemment qu'Harold est amoureux d'elle, ou du moins qu'il la désire farouchement, mais elle n'éprouve rien pour lui. Seulement de l'amitié… Elle rêve donc de Stu, et va se rapprocher de lui. Intimement. Mais leur objectif reste inchangé : trouver cette vieille femme qui semble les attendre.
C'est aussi ce que cherche à faire Nick et les personnes qu'il rencontre en chemin, retrouver Mère Abigaïl. Mais qui est-elle ? Que peut bien faire une si vieille femme contre Randall Flagg et tout ce qu'il représente ? Sa foi sera-t-elle assez puissante pour les sauver ?

Calmement, sûrement, Roberto Aguirre-Sacasa nous propulse un peu plus loin dans la lutte que vont se livrer, d'une manière ou d'une autre, ceux qui suivent Randall Flagg et la facilité du Mal et ceux qui vont choisir de rencontrer Mère Abigaïl et la rigueur de la foi. Cette histoire est, sur le fond, très manichéenne, on ne peut le nier. Mais quand c'est traité avec autant de maîtrise que ça l'est ici, on ne peut que s'en réjouir. Ce tome donne clairement le ton. Mère Abigaïl est une femme simple et forte. Seulement, il y a des choses avec lesquelles on ne peut plaisanter et qu'elle est prête à défendre avec toute son âme. Et mieux vaut ne pas se trouver sur son chemin à ce moment. D'ailleurs, la pleine page qui voit la vieille femme brandir son bâton est une fois de plus exceptionnelle.

C'est sûr, on prend son temps, l'action n'est pas présente, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est sans doute même ce rythme à contre-courant qui fait la force de ce récit. Parce qu'on ne nous presse pas, on peut apprécier chacun des personnages, on peut se mettre à leur place et donc entrer dans le récit… même si on n'a clairement pas envie de s'y trouver. Les auteurs, chacun avec son talent, nous emmène dans cette épopée simple, triviale, mais qui gagne ainsi en force et en réalisme. On sent presque l'odeur des champs de maïs, comme les aime Stephen King.

Une série qu'il ne faut pas louper.