Des comportements curieux lors d'une veillée funèbre, Hitchcok Sewell - Hitch pour les intimes - en a vu beaucoup, et pour cause : Il exerce la profession de croque-mort. Mais cette femme mystérieuse qui avoue être entrée sous le coup d'une impulsion pour voir comment organiser son propre enterrement, voilà qui attise sa curiosité ! Les cadavres (de mort violente s'entend) vont bientôt s'enchaîner, et le désir de jouer les chevaliers servants va entraîner Hitch dans une enquête vite périlleuse pour dénouer les multiples fils de l'énigme.
Ce double livre (puisqu'il contient en fait deux romans correspondant aux deux premières enquêtes du croque-mort) s'est révélé une excellente surprise pour moi. L'intrigue est suffisamment tortueuse pour satisfaire l'amateur de polars, et avec suffisamment de rebondissements pour que l'on ne s'ennuie pas. Mais le plaisir de cette lecture vient de la plume ironique de Tim Cockey, qui nous relate les péripéties de son narrateur avec une grande verve et beaucoup d'humour pince-sans-rire. C'est spécial, mais si comme moi on aime, alors on ne décroche plus.
L'histoire se déroule doucement. Loin d'être effréné, le rythme est plutôt lent malgré les meurtres multiples, ce qui nous permet d'apprécier les petits événements de la vie de tous les jours de Hitch : les balades quotidiennes pour aérer le chien, les rencontres amicales avec son ex-femme ou encore sa participation un brin forcée à une représentation de théâtre amateur... Au fil des pages, le beau croque-mort se révèle ainsi très attachant. De nombreuses digressions nous en apprennent davantage sur le passé du héros ou - très souvent - tiennent lieu de guide touristique de Baltimore, pointant des anecdotes amusantes sur des sites intéressants ou des personnages historiques/sportifs/etc. qui en sont originaires. Je regrette seulement que certaines de ces explications soient reprises dans les deux romans, de manière redondante puisqu'on les lit ici à la suite.
D'une manière générale, le texte fourmille de références culturelles plus ou moins discrètes. Certaines renvoient au cinéma ou à la littérature, mais on en croise aussi de plus originales (mathématiques, etc.). Selon sa culture personnelle, on reste parfois perplexe devant une allusion incomprise, mais pour ma part j'apprécie beaucoup ces fréquentes références.
La traductrice a pris sur elle de rajouter des notes bienvenues explicitant les références les plus obtuses pour des lecteurs non étasuniens et surtout non baltimoriens. A son crédit, je suis également restée plus d'une fois admirative à la lecture de certains passages, tant ils semblaient avoir été écrits dès le début pour des lecteurs francophones (que peut bien donner en langue anglaise une référence aux "serpents qui sifflent sur nos têtes", par exemple ?).
Terminons par mes impressions sur le format mini-poche de cet ouvrage, puisque c'était la première fois que j'avais l'occasion de lire un livre édité par Point2. Si j'ai été conquise par le contenu, je l'ai été également par le format du livre, que j'ai trouvé vraiment très bien pensé. Du côté des inconvénients, des pages ultra-fines qui sont parfois un chouia trop transparentes ou difficiles à tourner. Du côté des avantages, on a enfin un livre de poche qui tient vraiment dans la poche ! Près de 1200 pages, équivalent d'environ 800 pages en format poche classique, et l'ouvrage fait pourtant moins de trois centimètres d'épaisseur, tenant facilement dans la poche arrière de mon jean... J'ai également grandement apprécié que le livre tienne ouvert à plat : on le pose facilement dans un petit coin et on peut faire autre chose en même temps sans difficulté, puisqu'on n'a pas besoin de tenir le livre. J'adore !