Le 27 août 1927, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti mourraient sur la chaise électrique. Cette affaire eut une attention mondiale à l'époque. Mais que s'est-il passé ? Qui étaient Sacco et Vanzetti ?
Nous sommes à Battery park, à New York. Un homme d'un certain âge vient jouer une partie de dames avec son petit fils, déjà adulte. C'est un rituel qu'ils ont tous les deux, mais aujourd'hui le vieil homme a voulu que cela se passe dans ce parc. Pourquoi ? Parce que c'est un lieu symbolique pour lui, un lieu lié à une rencontre.
Et le voilà qui commence à expliquer à son petit-fils le contexte de l'époque. Les patrons qui exploitaient de manière terrible leurs employés, le communisme qui faisait froid dans le dos, l'après-guerre et les anarchistes. Sacco et Vanzetti étaient anarchistes, oui, et ils fréquentaient des personnes qui posaient des bombes. Étaient-ils eux-mêmes des terroristes ? En tous cas, ils furent victime d'une erreur judiciaire. Enfin, une erreur, si l'on veut. Parce que cette erreur était tout sauf involontaire. On a voulu faire un exemple de leur cas. Et quel exemple pour le soit disant pays de la liberté.
Florent Calvez nous narre cette histoire en faisant rebondir deux personnes sur des évènements passés. Même s'il y a beaucoup de voix off dans ce volume, elle n'est pas lourde comme c'est parfois le cas. J'ai même trouvé que la lecture était fluide pour un tel titre. Avec son style graphique reconnaissable, il nous propulse dans ces années de l'après première guerre mondiale. Il ne faisait pas bon être plein de choses aux États-Unis. Et anarchiste était sans doute une des pires. Comme il le souligne dans sa postface, Calvez ne prétend pas à la vérité, ni à complètement innocenter les deux hommes. La vérité est morte avec eux. Mais il dénonce par contre un acharnement et une volonté de faire mourir deux hommes à qui il n'a pas été donné un procès équitable. Que la peine de mort existe encore de nos jours est une honte, et c'était déjà vrai il y a cent ans.
L'affaire Sacco et Vanzetti a eu un retentissement mondial à cette époque, et leur mémoire a longtemps été célébrée. On pense notamment à la chanson de Joan Baez (musique d'Ennio Morricone), Here's to you, tirée de la bande originale du film Sacco et Vanzetti. Aujourd'hui, ils sont encore le symbole de l'injustice judiciaire et de son acharnement. Étaient-ils coupables ou non ? Là n'est plus la question. La question est plutôt de savoir de quoi nos sociétés sont capables pour éradiquer ce dont elles ont peur. Et cette question, elle, est bigrement d'actualité pour éviter toute dérive.