Les Chroniques de l'Imaginaire

La guerre olympique - Pelot, Pierre

En ce XXIIe siècle oh si civilisé, il est évidemment exclu de continuer à s'entre-déchirer en quelque chose d'aussi échevelé, peu rentable et barbare que la guerre ! Non, à présent, tout est ritualisé : les conflits planétaires programmés ont lieu tous les deux ans, tantôt sur le territoire des BLANCS, tantôt sur celui des ROUGES, sous la forme d'épreuves sportives à haut risque.

Comme ça, tout le monde est content : la concurrence demeure, les forces de l'ordre ont fort à faire pour protéger les champions que les forces de l'ombre s'emploient à abattre, et c'est du nanan pour les médias. Quant au peuple, le pain étant assuré par ailleurs, il a tous les jeux qu'il peut vouloir. Et de crainte que la paix générale, dans ce contexte d'amélioration de la médecine, ne fasse exploser la démographie, chaque défaite d'une équipe conduit à la mort des condamnés dans son camp.

L'histoire raconte la fin de compétition de Pietro Coggio, dont la victoire au pugilat le qualifie pour la Grande Course des Héros.

Certes, ce roman est "daté", avec son atmosphère typique de la guerre froide. Il n'empêche qu'à part la répartition géo-politique des deux camps, tout le reste est d'une vraisemblance, et d'une actualité, vraiment glaçantes. Ce monde où les humains sont programmés dès avant la naissance pour devenir des champions, ou "condamnés" pour des peccadilles, et surtout pour faire nombre, pour satisfaire les évaluations des ordinateurs sur la quantité d'humains à éliminer, fait froid dans le dos de façon discrète mais persistante. Ce d'autant que l'auteur ne s'attarde pas sur ce qui se passe dans les pays "neutres", où l'on pourrait imaginer une vie plus "normale".

Le personnage de Coggio, dans sa simplicité enfantine, est particulièrement touchant, mais les autres, dans leur nudité et leur complexité, sont bien intéressants aussi. L'écriture est belle, efficace, d'un lyrisme maîtrisé, avec une hallucinante montée en puissance dans la narration de la dernière épreuve.

C'est donc vraiment une bonne idée de rééditer ce beau roman, afin qu'il trouve de nouveaux lecteurs.

"Passant, va dire à Sparte..."