Les Chroniques de l'Imaginaire

La femme congelée - Michelet, Jon

En littérature policière, les auteurs du grand Nord sont à la mode, et le plus souvent leurs ouvrages font recette. Points n’a donc pas raté le coche et nous présente ici le premier roman traduit en français d’un maître du genre dans sa Norvège natale. Avec La femme congelée, Jon Michelet signe un polar réfrigérant dont le rythme lent et saccadé nous force à accorder notre attention au diapason de son intrigue.

Une étrangère est retrouvée congelée sous un sapin dans le jardin d’un ancien truand. Cet invalide reconverti dans le conseil juridique et la vente de timbres en ligne est considéré par la vindicte publique comme un pourri qui n’aurait pas craché de temps à autre sur de légères entorses à la loi, notamment fiscale. A son passé de délinquant, Vilhelm Thygesen ajoute des années d’abrutissement dans l’alcool. Bien que les inspecteurs Vaage et Stribolt se défendent de toute suspicion a priori, il leur est bien difficile face à un tel personnage de lutter contre un mouvement naturel qui les pousse à considérer d’office leur principal témoin comme un suspect plus que probable... D’autant que ce Thygesen a fréquenté encore récemment des gangs de motards bien peu recommandables. Pourtant des questions demeurent : qui est cette fille morte ? D’où vient-elle ? Car elle n'est pas Norvégienne c'est certain. Et si elle vient de plus loin que le Finnmark, quel est son lien avec Thygesen ? Et s’il n’y en avait aucun ? Auquel cas, Thygesen ne serait plus suspect, mais victime. Un embrouillamini qui promet de belles envolées policières…

… Qui retombent comme un soufflé. Entre les constants changements de focus narratif, les circonvolutions inutiles, les séparations en deux pôles d’enquête distincts, on s’y perd un peu, on perd le fil, et on perd le feu. Car ce qui fait l’intérêt d’une intrigue policière, c’est, à mon sens, soit un mystère croustillant qui crée chez le lecteur une envie irrépressible de résoudre l’affaire soi-même, soit un suspense insoutenable dont on veut connaître la résolution. Et là rien. Une narration plate et des personnages froids comme la part visible d’un iceberg, voilà ce que nous offre Jon Michelet avec La femme congelée. Alors est-ce le titre qui veut ça, ou est-ce une tradition dans le polar norvégien ? Je ne sais. Mais à la lecture de ce texte, mon cœur s’est transformé en glaçon pendant que ma tête s’ennuyait. Et ce n’est pas exactement les ressentis que je cherche quand je me lance avec enthousiasme à l’assaut d’un roman policier...