Les Chroniques de l'Imaginaire

Charivari - Mitford, Nancy

Noel Foster vient de faire un petit héritage d'une tante décédée. Son but, à présent, dans la vie, c'est de quitter son travail ingrat pour trouver une héritière à épouser, grâce à laquelle il pourra mener une vie confortable de rentier à la campagne. Malheureusement, sa première idée a été d'appeler son meilleur ami, Foster, pour lui parler de son projet et si Foster a effectivement une riche héritière en tête, il a aussi dans l'idée de profiter de la bonne fortune de Noel pour l'accompagner et tenter de lui ravir - à ses frais - la charmante et extravagante Eugenia.

Extravagante, c'est le moins qu'on puisse dire, car Eugenia, élevée par des grands-parents séniles, c'est une demoiselle de dix-sept ans qui milite ardemment pour Captain Jack, un néo-fasciste en qui elle voit l'avenir du pays.

Rebondissements, aventures rocambolesques et parodie sociale sont au rendez-vous de ce troisième roman de Nancy Mitford. Ce qu'il faut savoir - et que l'excellente préface explique très bien - c'est que ce roman, publié initialement en 1935, s'inspire directement de la famille de l'auteur, notamment le leader néo-nazi Captain Jack qui se trouve être le portrait craché de la sœur de Nancy. Celle-ci et sa cadette, peu avant l'écriture du roman, avaient en effet assisté à un meeting fasciste et en étaient ressorties convaincues, ce qui poussa la troisième, Nancy, à écrire cette comédie de mœurs parodique et désillusionnée. Mais la publication de cet ouvrage causa un tel tollé dans la famille Mitford que, lorsque son éditeur lui proposa de le ressortir, Nancy refusa... et Charivari fut indisponible pendant soixante-dix ans. Il est aujourd'hui disponible pour notre plus grand plaisir, donnant une idée acerbe de ce que pouvait être la vie et les opinions de l'époque dans une Angleterre d'après-guerre.