Ellen Gleeson a une vie trépidante : un boulot de journaliste qui la passionne, un petit garçon extraordinaire et une vie tellement remplie qu'être célibataire ne lui pèse pas. Or tout cela est trop beau pour que ça dure. Le monde de la presse écrite est en plein bouleversement et le rédacteur en chef doit faire des concessions pour rester dans la course et licencier du personnel. Pour l'instant, Ellen reste au journal mais sa meilleure collègue est virée et d'autres encore, non déterminés, doivent suivre. Et puis, il y a ce petit carton blanc, trouvé au milieu du courrier, dans sa boîte aux lettres. Un feuillet où sont imprimés les visages d'enfants disparus. Et il y a la photo d'un certain Timothy, étrange portrait ressemblant à son fils, adopté. Pour Ellen, cette carte devient une obsession. Son fils serait-il ce garçon disparu ? Elle décide de mener l'enquête quel quen soit la vérité.
L'auteur Lisa Scottoline aborde un sujet douloureux : celui des enfants disparus. Je suis une mère et je suis encore plus sensible à la perte d'un enfant. C'est là qu'on se demande comment peut-on continuer à vivre alors que votre bébé est là quelque part, peut-être près de chez vous, peut-être perdu à jamais. Il y a bien sûr la douleur de la séparation mais aussi le doute. Si on regarde du côté d'Ellen Gleeson, le personnage principal, on ressent le bonheur d'avoir un enfant et tout ce qu'il peut combler, en amour, en responsabilité. Mais là aussi, il reste toujours le doute du passé de l'être aimé. Comment ont été ses premières heures ? Pourquoi ses parents l'ont-ils abandonné ? Qu'en a-t-il ressenti ? Dans cette aventure, Ellen prend conscience de ces sentiments mais en se mettant à la place des autres : la mère abandonnant, l'enfant abandonné, de peur de perdre ce bonheur tant mérité.
Pendant tout le roman, Ellen part à la recherche de l'identité de son fils. Elle mène une enquête bien difficile car l'adoption reste un monde avec beaucoup de secrets, de non-dits, pour protéger les parents. Notre héroïne s'accroche alors aux moindres indices et brode, à partir de là, des scénari des plus improbables. En faisant cela, elle se fait peur, s'ajoute un stress supplémentaire. Le suspense est ainsi dément et la tension irréelle. Or Ellen, obsédée par le souvenir de la carte blanche, dénie son travail. Et elle risque sa place, surtout que le rédacteur en chef pense à des suppressions de poste.
Enfin le rythme s'accélère : Ellen prend de plus en plus de risques jusqu'à inquiéter celui qui essaie d'effacer les traces de l'enfant kidnappé. Il n'est plus question de connaître la véritable identité de son fils. C'est maintenant une question de survie pour cet enfant, avant tout mais pour elle aussi. Il faut alors fuir, se cacher et espérer que le tueur, sur leurs traces, les perdent de vue.
Plus qu'un thriller où l'héroïne s'interroge sur le passé de son fils adoptif, le roman est aussi psychologique et fait l'objet de débat sur les abandons d'enfants ou leurs disparitions. Il met en évidence les sentiments des mères, séparées de leur enfant. J'ai été très sensible au stress vécu par Ellen Gleeson, même si parfois les raisonnements primaient sur l'action. Un bon suspense qui aspire à ne pas vivre une pareille situation.