Aux alentours de l'an mil, la Hongrie rentre dans le giron de l'église chétienne. Le prince suprême Géza s'est converti, mais c'est surtout sous l'influence de son fils István que le royaume Magyar prend un tournant définitif. En effet, la ferveur d'István au service du Dieu pâle va le pousser à guerroyer pour unir son pays dans la nouvelle religion, avec le soutien de son épouse Gisela. Il a contre lui le poids de la tradition, puisque les tribus vénèrent encore les divinités ancestrales, mais surtout leurs chefs qui luttent de toutes leurs forces contre lui.
Ce roman nous propose une version romancée et fantasy de l'histoire du roi István de Hongrie, plus connu dans nos contrées occidentales comme Saint Etienne, son épouse étant elle-même connue comme Sainte Gisèle. S'appuyant sur une base historique réelle, l'ouvrage permet d'en apprendre davantage sur des événements historiques quasiment inconnus du public français. Il n'y a cependant aucune lourdeur dans ce texte, puisque Fabien Clavel n'a pas hésité à arranger l'historie à sa sauce pour lui donner une cohérence romanesque, y incluant également des éléments de fantasy (la magie dont usent les chamans par exemple) et des personnages de son cru.
D'ailleurs, si j'ai pris plaisir à découvrir l'histoire d'István, j'avoue que le personnage qui à mon sens porte le récit est l'un de ceux que l'auteur a ajoutés sans base historique : Farkas, le sans-tribu, présent dans l'ombre tout au long du roman. Solitaire, mystérieux, mais néanmoins tourmenté, le guerrier incarne parfaitement la difficulté du passage de l'ancienne à la nouvelle religion.
Un récit épique et historique, porté par une plume évocatrice.