Les Chroniques de l'Imaginaire

Furari (Furari) - Taniguchi, Jirô

Cet homme est à la retraite, mais passe son temps à parcourir la ville d'Edo (l'ancien Tokyo) en comptant ses pas, et en essayant de les rendre les plus réguliers possibles pour mieux cartographier la ville : deux shaku et trois sun. Ce faisant, il se laisse distraire par la beauté des fleurs du printemps, ou par des discussions avec les autres occupants de la rue. Sensible à la poésie des mots, des artistes ou tout simplement celle de la nature, il fait des détours sans trop le vouloir. Comment serait Edo vue du ciel, comme la voient les oiseaux ?

Cet homme, Jirô Taniguchi ne l'a pas nommé une seule fois dans les 211 pages de son mangas, mais son amour de la poésie et sa passion pour les mathématiques et la mesure des distances en font une approche du célèbre Tadakata Inô, géomètre et cartographe de renom au XIXe siècle. Mais plus que la vie de cet homme, c'est la poésie et la vision très japonaise de la vie que met en avant Jirô Taniguchi, à l'exemple de ce qu'il avait fait dans Au temps de Botchan pour l'écrivain Sôseki. Dans Furari, le personnage est profondément humaniste, et l’interaction qu'il a avec son épouse compréhensive est un témoignage d'une vie passée où les préoccupations n'étaient pas les mêmes que la société japonaise contemporaine.

En bref, Taniguchi continue ses thèmes de prédilection, mais en modifiant les approches en fonction de l'époque et des lieux choisis. En même temps, l'hommage rendu est appréciable, et permet au lecteur un bon moment de divertissement, ainsi que de découvertes. C'est une valeur sûre du manga réaliste.