Comme moi, vous faites peut être partie du demi million de personnes qui ont acheté à un moment ou à un autre le poster du fameux baiser de lHôtel de ville, ou des personnes qui ont lu le livre publiés avec Daniel Pennac, Les doigts tachés dencre. Donc quand jai eu loccasion de lire ce nouveau numéro de la collection Découvertes Gallimard consacré à Robert Doisneau, je ne me suis pas fait prier.
Ce livre retrace la vie et loeuvre de Robert Doisneau (1912-1994) que lon a trop tendance à réduire à ses photos les plus connues, celles de la période de limmédiat après-guerre. Il est né à Gentilly, en banlieue parisienne dans une famille de la petite bourgeoisie. Il perd sa mère à lâge de neuf ans et montre peu de goût pour les études. Il commence en 1925 une formation de graveur lithographe, un métier en voie de disparition à ce moment-là.
Après sa formation il est engagé par une société pharmaceutique comme publicitaire. Cest là quil sinitie à la photographie car la gravure lithographique tombe de plus en plus en désuétude. Et cest le début dune longue carrière de photographe-illustrateur.
Au fil du temps, il travaillera pour différentes agences, revues ou commanditaires, mais ce quon ignore, cest que la très grande majorité de ses clichés relève de commandes alimentaires qui lui pesaient. Il consacre du temps à côté de son travail à son oeuvre créative, celle que tout le monde connaît aujourdhui.
Ses sujets favoris sont Paris, la banlieue et leurs habitants. Il connaît une grande célébrité dans les années 1945-1958. Il photographie une France nostalgique. Sil en est le membre le plus connu, Doisneau nest pas le seul à sinscrire dans le courant de la photographie humaniste. Ce courant marqué par une certaine nostalgie connaît une traversée du désert des années 1960 à 1975. Durant cette période-là on sintéresse avant tout au monde moderne. et aux progrès de lindustrialisation.
Depuis le milieu des années 1970, face au premier choc pétrolier et la crise quil entraîne, on retrouve du goût pour une France davant. Doisneau redevient un artiste à la mode, cest à ce moment que ces clichés aujourdhui très célèbres sont déclinés en divers produits dérivés qui connaissent un immense succès jamais démenti depuis près de quarante ans.
Doisneau a beaucoup photographié des personnes, mais le plus souvent il ne sagit pas dinstantanés ou de photos volées, mais de photos rejouées par des figurants rémunérés daprès des scènes de rue observées en vrai. Ainsi du fameux baiser de lHôtel de ville (des élèves comédiens) ou du triporteur (des figurants, car les vrais personnages étaient un livreur et la fille de sa patronne et ils nont pas voulu être photographiés par peur des représailles maternelles).
Ce petit livre est très richement illustré sur papier glacé. Il fera très plaisir à tous ceux qui aimeraient mieux connaître ce photographe.