Un grand voyage vers un ailleurs finalement pas si lointain... Comment résumer autrement ces pages. Il pleut des étoiles dans notre lit est une invitation à découvrir l'univers de cinq auteurs, ou plutôt de cinq poètes : Inger Christensen, Pentti Holappa, Thomas Tranströmer, Jan Erik Vold et Sigurdur Palsson.
Les mots d'Inger Christensen nous offrent des poèmes à la simplicité désarmante et entraînante. Ils nous emmènent dans son univers, dans ses paysages et ses interrogations. Il parle avec ses yeux autant qu'avec son coeur, et l'on se surprend même à souhaiter entendre de sa bouche les vers que l'on lit. Faisant fis des traditionnelles conventions, il laisse tomber les mots, et c'est juste un moment rare.
Pentti Holappa se situe sur un tout autre registre. Une prose plus qu'un poème, une expérience et des personnages plus qu'un quotidien. L'universalité des thèmes abordés n'enlève rien au plaisir de la lecture de ces lignes. Une approche un peu plus souple de la poésie. Peut être une manière d'y amener certains néophytes.
Thomas Tranströmer parait être particulièrement attaché à ses racines et son pays. Une nouvelle fois, ses textes s'apparentent plus à de la prose qu'à de la poésie dans son entendement conventionnel. De longs vers au récit en passant par le journal de bord, rien ne semble l'effrayer, et le résultat est une furieuse envie de connaitre mieux la Suède, le grand nord, sa culture, ses us et coutumes, son histoire.
Jan Erik Vold, le Norvégien de la bande, adopte un style d'apparence plus traditionnel. Et pourtant il n'en est rien. En rupture quasi permanente, il passe de vers excessivement court à d'autres beaucoup plus long, de choses légères à d'autres beaucoup plus graves, traitées avec tout autant de désinvolture. Nettement plus traumatique, cette lecture n'en reste pas moins agréable et extrêmement intéressante.
Enfin, Sigurdur Palsson a la lourde tache de clôturer l'ouvrage. Disons le tout de suite, le défi est largement réussi. Que dire d'autre d'un poète qui nous parle de poésie ? Que dire d'autre d'un homme qui parvient presque à la rendre vivante ? Rien sinon qu'il mérite bien sûr d'être lu, relu et rerelu.
J'ai personnellement apprécié le soin porté à la préface, la présentation de chaque auteur et de son univers. En cela et comme dans le choix des poètes et des oeuvres, André Velter a fait un travail remarquable. Si je n'ai qu'un conseil à vous donner, accordez-lui un peu de temps !
