Walt Kowalski enterre sa femme en ce jour. Ses fils, Mitch et Steve, tentent de nouer le contact avec ce père distant et irascible, mais rien n'y fait. Walt ne fait que fulminer contre tous ces gens qui ne pensent qu'à se bâfrer alors qu'il vient de perdre sa femme. Et il n'a qu'une hâte : que tout le monde s'en aille. Il veut rester seul dans son pavillon de banlieue avec son chien : Daisy. D'ailleurs, cette banlieue n'est plus ce qu'elle était. D'un quartier ouvrier, elle s'est transformée en refuge pour hmong, ces vietnamiens qui ont pris le parti des américains pendant la guerre et qui ont dû quitter leur pays. Raciste, Walt ne supporte pas ce qu'est devenu son quartier et son voisinage, mais il est hors de question pour lui de déménager. Même si des gangs sévissent de plus en plus.
Thao est le fils adolescent des voisins de Walt. Introverti, il préfère s'occuper de son jardin que de trainer avec les jeunes de son âge. Surtout qu'ils font souvent partie d'un gang. Mais le jardinage est considéré par les hmong comme un travail féminin. Du coup, il est victime des quolibets. Notamment de la part de son cousin, Fong, qui tente de le faire rentrer dans sa bande. Comme rite de passage forcé, Thao va devoir voler la Ford Gran Torino de Walt. Mais celui-ci a l'oreille affûtée et va surprendre Thao et le faire fuir à coup de pétoire, mais sans le reconnaitre. Un soir que Fong et sa bande viennent encore chercher des noises à Thao, qui ne veut vraiment pas intégrer le gang, voilà que cela dépasse sur la pelouse de Walt. Du coup, il va mettre en joue les voyous et les faire déguerpir. C'est ainsi que tout le quartier va lui apporter des mets hmong en remerciement. Walt n'en veut pas ; il ne faisait que défendre sa propriété, pas ses voisins !
Mais ce grand gaillard raciste et asocial va petit à petit changer au contact de Thao, qui devra travailler pour lui pour rembourser son effraction.
Gran Torino est un film de et avec Clint Eastwood, qui revenait devant les caméras, place qu'il n'avait plus occupé depuis Million dollar baby. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce rôle de vieux grincheux, raciste et misanthrope lui va comme un gant. Pour le seconder dans ce rôle, il fit appel à des acteurs inconnus, principalement hmong. Et Bee Vang, dans le rôle de Thao, et Ahney Her, dans le rôle de Sue, la sur de Thao, font plus que lui tenir la réplique mais crèvent eux aussi l'écran.
C'est une histoire simple qui parle d'un homme qui a bâtie toute sa vie autour de sa femme et qui, une fois qu'elle n'est plus là, ne sait plus trop où il en est. Il est aussi traumatisé par ce qu'il a dû faire pendant la guerre de Corée. Les anciens combattants portent des blessures en eux qu'ils ne savent pas forcément évacuer. Du coup, Walt évacue son mal-être en devenant infect avec tout le monde. Même ses enfants n'arrivent pas à trouver leur place dans son monde déchiré. C'est touchant alors que le personnage en lui-même est exécrable.
La réalisation est fait tout en douceur. Il n'y a pas de grande scène d'action, mais des moments triviaux qui sont pourtant tous chargés d'une forte intensité dramatique. C'est ce qui fait que ce film lent ne fait pas ressentir sa durée.
Un film qui mérite amplement tout le bien qu'on a pu dire sur lui.