Les Chroniques de l'Imaginaire

Les anonymes - Ellory, R.J.

J’avais découvert Ellory l’an dernier avec Vendetta et je suis tombée tout de suite sous le charme de cet auteur anglais qui connait si bien l’Amérique. Il s’agit d’un gros polar de plus de 700 pages, mais on ne s’y ennuie pas le moins du monde, bien au contraire.

Catherine Sheridan vient de se faire assassiner à Washington. Elle a été tabassée et étranglée. C’est le quatrième crime de celui que la presse a surnommé le tueur au ruban. Robert Miller et Al Roth, deux inspecteurs, sont chargés de coordonner l’enquête. Comme les trois premiers meurtres ont été commis dans des districts différents, c’est seulement lors du quatrième que la police s’aperçoit qu’il s’agit d’un sérial killer. Un spécialiste du FBI vient les épauler, ce qui déplaît fortement aux policiers.

Roth et Miller décident de tout reprendre à zéro, mais toutes leurs pistes débouchent sur des impasses, toutes les victimes vivaient sous de fausses identités. Certains indices les mènent à un trafiquant de drogue mort cinq ans auparavant. A peine ont-il interrogé son ex-compagne qu’elle se fait assassiner à son tour.

L’inspecteur Miller a un passé houleux ; il a été suspendu car on le soupçonnait d’être responsable de la mort d’un maquereau. Il est hanté par cet échec. Finalement il entrevoit une piste grâce à un témoin qu’il soupçonne d’être le tueur au ruban lui-même. John Robey essaie de lui expliquer qu’il s’agit de tout autre chose que d’un tueur en série et peu à peu, Miller découvre une vérité hallucinante et effrayante qui le dépasse complètement.

Le roman suit à peu près la même construction que Vendetta, à savoir l’alternance de l’enquête et des confessions du suspect. Ici il s’agit de John Robey, un tueur de la CIA. Il nous emmène dans l’enfer de la sale guerre que les USA ont menée au Nicaragua dans les années 1980. La lutte contre le communisme n’est qu’un prétexte, il s’agit de financer les opérations spéciales de l’agence (des crimes contre l’humanité en fait) en organisant le trafic de drogue.

Ce livre fait vraiment froid dans le dos quand on voit ce qu’un gouvernement est capable de faire pour soi-disant défendre la démocratie et la liberté. Sans compter que la CIA n’hésite pas à tuer de nombreux citoyens américains. De l’avis des spécialistes, ce livre est très bien documenté et les faits racontés pas du tout fictifs (concernant les pratiques de la CIA), ce qui fait encore plus peur.

Malgré l’épaisseur du livre, il n’y a pas de longueur et l’on se laisse facilement emporter dans cette enquête. Les personnages sont attachants. Miller est un personnage ambigu, il s’interroge beaucoup, il veut bien faire et est prêt à désobéir aux ordres de ses supérieurs pour arriver à ses fins. Il prend tous les risques pour découvrir la vérité.