Les Chroniques de l'Imaginaire

Flashback - Simmons, Dan

Nous sommes en 2035. Le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Du moins, plus vraiment. Les Etats-Unis ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient. Plusieurs états se sont retirés de l'Union pour créer leur propre république, comme le Texas. Les conseillers, les membres les plus influents du pays, sont maintenant tous japonais ; le Japon est devenu une des puissances principales du globe, avec le Califat Global, et est retourné à un état féodal en remettant en avant le code du bushido, les shôgun et les daimyo. Et une grande partie de la population étatsunienne, ainsi que mondiale, passe une partie de son temps sous flashback, cette drogue qui permet de "revivre" un souvenir.

Nick Bottom est un ancien flic de Denver. Quand il perdit sa femme, Dara, dans un accident de la route, presque six années auparavant, sa vie s'est terminée. Du coup, il délaissa son fils, Val, qu'il envoya chez son beau-père, Léonard, à Los Angeles. Et il essaya de revivre le plus de moments possibles avec Dara, sous flashback. Ce qui ne fut pas du goût de ses supérieurs, qui le renvoyèrent. Aujourd'hui, Nick vivote, mais est toujours accro au flash. Alors, pourquoi Hiroshi Nakamura, un milliardaire qui plus est conseiller plénipotentiaire pour la reconstruction de l'Amérique, veut-il l'engager pour qu'il reprenne l'enquête sur la mort de son fils, Keigo, survenue six années en arrière ? Si la police n'a pas réussi à résoudre l'affaire il y a six ans, comment diable Nick, seul, pourrait-il la résoudre aujourd'hui ? Surtout que c'était lui qui était sur cette affaire ! Mais, justement, il a pu lire tous les dossiers, partis en fumée depuis, et il pourra à loisir les consulter sous flashback. Et puis, Nick se fout des raisons, du moment qu'il peut avoir de l'argent pour revivre encore et encore les moments avec son amour. Il va donc accepter ce travail, sans encore se douter de tout ce qu'il changera dans sa vie.

De Dan Simmons, je n'avais lu que L'échiquier du mal, il y a fort longtemps, et j'en gardais un très bon souvenir. Flashback était donc pour moi le moyen de renouer avec cet auteur qui, s'il n'a pas sorti pléthore de romans, a su marquer les esprits par leur qualité et leur force. Pourtant, force est de constater que Flashback n'a pas su animer la flamme en moi. Le roman est découpé en trois sortes de chapitres : ceux centrés sur Nick, les plus nombreux, ceux centrés sur son fils, Val, et ceux centrés sur son beau-père, Léonard. Au début du roman, les chapitres sur Val et sur Léonard ne m'ont pas passionnés. Les premiers mettaient en scène une bande de jeunes gamins qui ne me parlaient pas et les seconds cassaient le rythme de lecture pour essayer de nous expliquer, via cet ancien professeur d'université, ce que le monde était devenu et pourquoi ; cela avait un côté un peu indigeste, même si cette contextualisation était nécessaire. Heureusement, les chapitres parlant de Nick étaient un peu plus vivants et rapides. Seulement, rapidement, on se rend compte que son enquête n'en est pas vraiment une. Il suit une piste qu'on a tracé pour lui, sans réel effort de compréhension ou de recherche de sa part. Il n'y avait pas le piment qu'on aurait pu vouloir dans une enquête. Mais tout cela aurait pu encore passer. Ce qui m'a le plus gêné, c'est le style lourd de l'auteur. Rien n'est fluide, rien ne coule de source. La lecture est donc assez poussive et, pour le coup, énervante. Et c'est le plus flagrant dans les scènes d'action, déjà peu nombreuses, qui sont toujours ralentis pour nous donner le modèle et la marque de tel ou tel engin. Cela manque de vie. Une chose aussi : il semble que Dan Simmons profite de ce roman pour régler des comptes politiques ou du moins expliquer ce qui pour lui ne va plus dans son pays. Cela pourra en agacer quelques-uns étant donné que cela arrive assez régulièrement. Mais ce n'est pas pour moi ce qui pêche le plus dans Flashback.

L'idée de base était bonne, mais j'ai trouvé que Dan Simmons n'avait pas choisi le meilleur chemin pour l'exploiter.