Les Chroniques de l'Imaginaire

Zarbie les yeux verts - Oates, Joyce Carol

La famille Pierson aimerait être comme les autres, mais le père de famille, Reid, est un ancien sportif reconverti avec talent au journalisme. Tout le temps en déplacement, il commente des matchs aux quatre coins des Etats-Unis et est une célébrité très appréciée de ses auditeurs. Le fils aîné, Todd, a assimilé les valeurs du patriarche : force, courage, obstination. Sa mère quant à elle n'est pas du tout à l'aise dans son rôle forcé de femme mondaine. Elle aimerait vivre simplement, avec sa peinture et ses sculptures, qu'on la laisse tranquille. Ce qui ne l'empêche pas d'aimer son mari.

Au milieu de tout ça se situe Francesca, qui préfère qu'on l'appelle Franky. Elle aime son père mais n'est pas tout à fait à l'aise avec lui. Elle aime sa mère mais lui reproche de faire exprès de contrarier son père. Elle ne comprend pas son besoin de solitude, quand elle va s'exiler dans le cabanon familial pour s'adonner à sa passion. Peu à peu Franky va voir ses parents s'éloigner, sans qu'ils ne donnent plus d'explications. Prise entre deux feux, elle va pouvoir s'appuyer sur un soutien particulier : Zarbie les Yeux verts. Zarbie est un pan de sa personnalité qu'elle a personnifié. Sa part rebelle, qui ne se laisse pas faire, qui remet en cause les mensonges qu'on lui sert. C'est cette Zarbie qui va l'aider à faire face et à questionner ce qu'on veut lui cacher. Car l'histoire prend une ampleur autrement dramatique dans un second temps, lorsque la mère de Franky disparait mystérieusement.

Zarbie les yeux verts est un récit percutant, qui analyse avec justesse et sincérité les sentiments. Que ce soient ceux de Franky, ceux de sa mère, ou ceux de son père. Chacun vit comme il a besoin de vivre et est convaincu de bien faire, se souciant peu des conséquences sur les autres. Ce qui rend nécessaire à Franky le développement de Zarbie. La tension dramatique prend son essor dans la deuxième partie, et monte crescendo jusqu'au bouquet final. Du grand Joyce Carol Oates.