Quand Benjamin Miguel Chaparro prend sa retraite, il décide d'écrire, et l'histoire qui s'impose à lui est celle de Ricardo Morales, dont l'épouse tant aimée a été violée et sauvagement assassinée, alors qu'elle était enceinte de leur premier enfant.
Chaparro est bien placé pour se souvenir de cette ancienne affaire, étant donné qu'il a été appelé sur les lieux en tant que chef du secrétariat au Tribunal, qu'il accompagnait le policier qui a informé Morales de son malheur, et qu'il l'a souvent revu par la suite. Toutefois, afin de se rafraîchir les idées, il consulte le dossier - ce qui lui permet de revoir Irene, la juge dont il est secrètement amoureux depuis trente ans.
Voir sur la jaquette d'un roman qu'il a obtenu l'Oscar du meilleur film étranger m'a fait un effet bizarre, et plutôt déplaisant, en me portant à craindre une histoire mieux adaptée à l'écran qu'à la lecture. Heureusement, ce n'est pas du tout le cas. Au contraire, ce premier roman témoigne d'une étonnante maîtrise, avec la mise en abyme très bien réussie du "roman dans le roman", et des personnages superbes, profondément humains (Sandoval remportant la palme à cet égard) et complexes. En revanche, je n'ai pas vu le film et je ne saurais donc pas dire en quoi il s'en rapproche ou s'en éloigne.
Par ailleurs, on voit trop peu, du moins en français, de romans couvrant la période de la dictature militaire en Argentine pour bouder ce plaisir supplémentaire. Même si le dénouement de l'intrigue ne m'a pas surprise, j'ai aimé en suivre le déroulement, et ce polar atypique m'a fait passer un excellent moment de lecture.
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