Les Chroniques de l'Imaginaire

Lost Paradise (Lost Paradise - 1) - Naomura, Toru

Sora est heureuse. Malgré des résultats scolaires assez moyens, elle est parvenue à intégrer le prestigieux lycée situé au sein de l'académie Utopia, réservé à l'élite du pays. Mais si Sora ignore pourquoi elle a été convoquée, de même que son uniforme est un peu différent de celui de son amie Tsuki, elle est quand même heureuse de rejoindre cette dernière qui est dans l'académie depuis l'entrée au collège, trois ans plus tôt. Retrouver une amie d'enfance n'a pas de prix pour celle qui aime s'occuper de ses proches, les protéger. Mais voilà, l'arrivée dans l'établissement, qui se situe sur une île artificielle bien isolée, va lui présenter un aspect de la situation qu'elle était loin d'avoir prévu : toutes les filles semblent d'une étrange tristesse.

Alors que les cours devraient commencer sous peu, Sora découvre alors que deux garçons ont fermement l'intention de s'affronter. Mais ce qui l'étonne, c'est que chacun d'entre eux porte une arme ! S'apprêtent-ils à occire leur adversaire ? Mais non, ces armes ne sont pas mortelles. Sauf que le perdant, furieux, décide de briser son épée, ce qui provoque une immense douleur chez la fille qui l'accompagnait, et personne ne pense même à se pencher pour l'aider. Tsuki avoue donc dans quelles conditions se déroule la vie à l'Académie Utopia : les garçons sont tous misogynes, et il s'y déroule un jeu issue d'une technologie de pointe où les garçons "possèdent" les filles qui leur procure chacune une arme. Lors des affrontements, les perdants "donnent" leur protégée aux vainqueurs, tel un trophée. Et les propriétaires ne se contentent pas de les exhiber, mais passent leur temps à les humilier en permanence.

Lost Paradise et une sorte de tournoi géant, où les filles sont soumises et les garçons des guerriers dominateurs. Cette relation maître-esclave n'est pas sans me rappeler la série de romans de science-fiction Les chroniques de Gor, de John Norman. La différence, c'est que Toru Naomura introduit un élément perturbateur dans cette mécanique bien huilée. Sora va posséder le gant, l'artefact qui permet de participer à l'hexagram, ce jeu humiliant, et la volonté de la jeune fille d'être comme un chevalier qui sauve sa princesse va mettre de sacrés bâtons dans les roues à ces messieurs. D'ailleurs, l'orchestration de son arrivée sera sans doute un mystère à résoudre dans la suite de la série, de même que l'identité de celle qui deviendra sa première contractante.

Reste que je suis un peu septique sur le contexte de l'histoire. Quelle est finalement la cible de lecteurs visée par l'auteur ? Ce premier volume est techniquement un shônen correct, mais l'histoire décrite peut mal passer auprès des filles comme des garçons qui sont habitués à vivre et cohabiter dans les mêmes établissements scolaires de façon égale (enfin, en principe). De fait, j'espère que l'histoire prendra un peu de hauteur. Le personnage qui est chef du conseil des élèves peut être l'une des manière de le faire. On verra.