Tillu est une guérisseuse. Dans ces contrées sauvages et souvent recouvertes de neige, son talent est un grand bienfait pour ceux qui croisent son chemin. Mais Tillu ne peut se fixer dans une tribu. Son passé douloureux se rappelle à elle quand elle est tentée. Mais c'est surtout son fils, Kerleu, que les gens ne peuvent intégrer. Il est différent et fait peur à beaucoup de personnes, comme si sa nature pouvait être contagieuse. Kerleu est à part, c'est certain. Souvent absent, il faut lui répéter les choses un grand nombre de fois pour qu'il les fasse et il a bien du mal à en apprendre de nouvelles. À bientôt dix ans, il ne sait pas faire la moitié de ce que les garçons de son âge connaissent. Pourtant, Tillu essaye de lui apprendre, tout en faisant tout pour le protéger. Parce qu'elle connait la noirceur qu'il y a dans le cur des hommes. Ils craignent ce qu'ils ne comprennent pas. Et ce qu'on craint, on cherche parfois à l'éliminer. Actuellement dans la tribu de Bénu, Tillu pense toutefois à partir. Leur chaman, Carp, veut faire de Kerleu son disciple. Si cela enchante Kerleu, ce ne plait pas du tout à Tillu qui voit en Carp un homme avide de pouvoir et qui agite devant lui des colifichets pour se l'approprier. Et puis Carp, malgré son âge avancé, se verrait bien avec Tillu prêt de lui. Sauf qu'il ne sait pas respecter les femmes. Tillu décide donc de partir, emmenant Kerleu avec elle.
Après des jours de voyage, suffisamment pour mettre de la distance entre eux et Carp, elle va installer sa tente. Alors qu'elle chasse, elle va tomber sur deux hommes. Eux aussi étaient en pleine chasse. C'est alors qu'elle voit une troisième silhouette qui décoche une flèche et atteint un des deux chasseurs. Tillu est tiraillée entre son désir de passer inaperçue et son besoin de soigner cette personne. Finalement ses instincts de guérisseuse vont être les plus forts. Les deux hommes ne parlent pas la même langue qu'elle, mais ils arrivent tout de même à se comprendre, des bouts de langage se ressemblant. Elle va donc apprendre que le blessé s'appelle Lasse et que l'autre, plus grand que la moyenne, se prénomme Heckram. Les deux hommes sont du peuple des rennes et leur village se trouve non loin de là. Tillu va donc apprendre à vivre avec ces nouveaux voisins. Mais est-ce que Kerleu arrivera cette fois à trouver sa place ? Il semble que Heckram l'apprécie, mais ne feint-il pas cela dans le but d'obtenir autre chose d'elle ?
Personnellement, je suis plutôt Robin Hobb que Megan Lindholm. Je préfère Fitzchevalerie à Ki et Vandien. Mais comme l'occasion m'était donnée de découvrir ce diptyque préhistorique, j'ai sauté dessus. Et je ne le regrette pas. Déjà, j'ai vraiment eu l'impression de lire du Robin Hobb plutôt que du Megan Lindholm. Les choses prennent leur temps pour se mettre en place, comme elle sait si bien le faire, et sans qu'à aucun moment nous ne ressentions de l'ennui ou de la lassitude dans la lecture. Et puis, ses personnages sont fouillés et complexes, ce qui les rend extrêmement vivants. Celui qui est peut-être le plus d'un seul bloc est Joboam, mais il est clairement présent pour se faire détester et contraster avec Heckram qui lui est le personnage que l'on a envie d'aimer. Il n'est pas niais, ses décisions ne sont jamais stupides mais il est plutôt le guerrier sage vers qui on a envie de se retourner quand les choses vont mal parce qu'on sait qu'on pourra se reposer sur lui. Tillu est au centre de tout le récit. Sans qu'elle se dévoile vraiment, nous apprenons à la connaitre, à comprendre pourquoi elle fuit tout le temps, pourquoi et comment elle protège son fils tout en espérant qu'il sera un jour capable de se débrouiller seul, mais sans vraiment y croire non plus. C'est un personnage fort. Elle n'est pas charismatique, mais possède quelque chose qui fait qu'on ne peut se détourner d'elle. Et puis il y a Kerleu. J'avoue que c'est un personnage qui m'a parfois ennuyé. Je savais qu'il aurait un rôle à jouer, un rôle important, mais tout est quand même fait pour qu'il ne soit qu'un personnage secondaire, malgré ces chapitres qui lui sont entièrement consacrés. Cepdndant j'attendais le moment où il allait se révéler différent de ce qu'on avait l'habitude de voir. Et je ne fus pas déçu.
Oui, le rythme est lent, comme du Robin Hobb. Oui, on prend le temps d'apprendre à connaitre les murs, les coutumes, les rituels du peuple des rennes. Oui, l'action est très loin en second plan. Pourtant, Le peuple des rennes est une lecture que je recommanderai sans aucune hésitation. Par contre, ceux qui sont coutumiers du type de narration plus classique de Megan Lindholm risquent d'être surpris. Qui sait ? cela leur donnera peut-être l'envie de découvrir les autres écrits de son pseudonyme. C'est tout le mal que je leur souhaite.