Les Chroniques de l'Imaginaire

Les enfants perdus (2021 - 1) - Betbeder, Stéphane & Bervas, Stéphane

Le 31 octobre 2021, dans le milieu de l'après-midi, les forces gouvernementales forcent un barrage et pénètrent dans la ville indépendante de Détroit. Alors qu'elles progressent sans trop d'efforts, les voilà prises dans une embuscade. Il y a beaucoup de morts et les soldats sont obligé de laisser leurs véhicules et de battre en retraite. Mais tout ceci n'était qu'une diversion. L'arrière d'un des véhicules blindés va s'ouvrir pour laisser sortir quatre enfants, en combinaisons rouges. Il y a trois garçons et une fille. L'un d'eux est plus grand que les autres, ce qui semble étonner tout le monde. Les mots de "Father" résonnent dans leur oreillettes ; les enfants sont certes très puissants, mais il ne faut pas qu'ils utilisent leurs pouvoirs sans raison puisque cela les fait immédiatement vieillir. D'où la différence d'âge. Une simple capsule va cependant faire en sorte que le mental de l'enfant soit en concordance avec son physique. Et il leur faut maintenant poursuivre leur mission : exécuter Ike Mercy, le chef des indépendantistes de Détroit, un homme aveugle mais qui possède de puissants et terrifiants pouvoirs psychiques.

La première chose qui frappe le lecteur de ce premier tome de 2021, Les enfants perdus, c'est son dessin. Stéphane Bervas nous expose un travail d'une très grande qualité. Son dessin est précis, détaillé tout en restant lisibles. C'est du bel ouvrage qui est aussi à l'aise dans l'action que dans les paysages. Et ses paysages urbains d'un Détroit isolé en proie à la guerre urbaine sont bluffant tout en étant inquiétant. Son trait mérite certainement encore un peu plus de vie dans les expressions faciales pour se hausser encore d'un niveau, mais autant être conscient qu'on en prend plein les mirettes.

Côté scénario Stéphane Betbeder nous a préparé une histoire sombre et terrible où on sacrifie des enfants (ils n'ont vraiment aucune chance de revenir vivant, et on le sait dès le début) pour la raison d'état. Mais cette raison, nous ne la connaissons pas. D'ailleurs, nous ne savons pour l'instant pas grand-chose. Ni le passé des différents personnages, ni leur histoire commune (parce qu'ils en ont forcément une, notamment entre Ike et Father) ni leurs motivations. Nous suivons les éléments qui se mettent en place, sans trop savoir dans quelle direction on se dirige. Comme c'est un premier tome, cela n'est pas dérangeant, même si on se pose un grand nombre de questions. La superposition des personnages et des intrigues fait que Les enfants perdus est un tome exigeant qui mérite des éclaircissements. Mais c'est aussi une lecture divertissante. Qui nous fait simplement nous interroger sur la nature humaine. Joindre l'agréable à l'utile.