Aramus était le plus grand défenseur du monde humain. Mais ses hommes et lui ont disparus depuis des mois sans laisser de traces. De nombreuses recherches ont été entreprises, mais aucune piste n'en est ressortie. Sa fille, Gully, se morfond et ne comprend pas ce qui a pu arriver à son père. À dix ans, elle n'est pas dupe, mais garde quand même espoir. Sous la garde de Nounou elle tente de vivre malgré tout. Mais les dirigeants savent qu'elle est en danger ; être la fille d'Aramus n'apporte pas que des avantages. Un soir, des hommes frappent à la porte du cottage. Ils se présentent comme étant des traqueurs habilités à confisquer n'importe quel objet ayant appartenu à Aramus et permettant de le retrouver. Mais alors que la tension commence à monter entre les traqueurs et Nounou, des gardes royaux, cachés jusque-là dans la maison, font irruption dans la pièce. Ils savent pertinemment que les traqueurs n'en sont pas. Du moins, pas des traqueurs humains comme ils veulent le faire croire. Ce sont des lycelots, des sortes de loup-garous sous forme lupine. Malgré la peur qui les tenaille, les gardes vont tout faire pour retenir les lycelots pendant que Nounou fait s'enfuir l'enfant. Elle lui confie un coffret qu'elle doit emporter loin ; c'est certainement cet objet que les soit-disant traqueurs étaient venu chercher. Gully part donc, quittant le foyer qu'elle avait toujours connu, fuyant des créatures cauchemardesques et se dirigeant vers un inconnu qui lui promettait surtout des ennuis.
Eh bien, en voilà une bonne claque qu'elle fait du bien ! Nous avons là un monde riche et fouillé, que l'on explore en même temps que Gully et dont les personnages sont suffisament nombreux et riches pour ne pas nous ennuyer. Nous allons ainsi découvrir Calibretto, un golem de guerre qui va rapidement prendre sous son aile la jeune Gully et la protéger. Et quand un golem de guerre ne veut pas qu'on approche sa protégée, il vaut mieux l'écouter. Nous avons aussi Knolan, un vieux magicien, ami de Calibretto, qui a beaucoup plus de ressources que son vieil âge laisse supposer. Il ne faut surtout pas se fier à son allure ou alors ce pourrait être la dernière chose à laquelle on se fiera. Il y a aussi Garrison, l'ancienne meilleure fine lame du royaume qui s'est retiré pour mettre sa vie au fond d'un verre. Seulement, les circonstances vont le faire sortir de sa retraite, et gare à celui qui voudrait se mettre en travers de sa route. Et puis il y a la sculpturale Monika. Pour l'instant, elle est plus la source d'ennuis que d'autre chose, mais elle aura certainement son rôle à jouer. Tous les personnages ne sont pas encore réunis, même s'ils se croisent. Mais ils risquent de former un groupe de personnages intéressants à suivre. Le monde imaginé par Joe Madureira est fait de magie et de technologie, comme les golems. On sent plus la patte de la fantasy dans la récit, mais le côté mécanique apparait quand même de temps en temps. On se sent dans un monde à la Eberron, monde créé pour Donjons et Dragons. D'ailleurs, le côté jeu de rôle est palpable dans l'écriture. Mais ce monde n'aurait pas le même effet sans les dessins de Madureira. Graphiquement comics, l'inspiration manga est aussi bien présente et, surtout, digérée. Le trait est puissant de maîtrise. Les décors, les personnages, les actions, les mouvements, tout est parfaitement mis en scène dans des découpages inspirés. Utiliser des stéréotypes pour mieux pouvoir les détourner, tout le monde n'est pas capable de s'en sortir aussi bien.
Vous l'aurez compris, Battle chasers est une réelle bonne surprise à côté de laquelle un amateur de comics fantasy ne doit pas passer. Vivement la suite !
