En 1831, Alexis de Tocqueville et l'un de ses amis visitent une petite partie de la presqu'île du Michigan qui sépare le lac Huron du lac Michigan, avec le ferme projet de voir des étendues désertes et des Indiens. Sachant qu'ils vont de Detroit à Saginaw, on verra ici qu'ils n'arpentent pas tout le secteur !
Le célèbre auteur de De la démocratie en Amérique (qui ne date que de 1836, il est donc postérieur à ce livre-ci) relate ici son voyage, ses rencontres avec Européens, Indiens et métis, les différences qu'il trouve entre solitude européenne et américaine : dans la première, dit-il, l'homme et sa civilisation semblent toujours proches, fût-ce seulement par le son d'une cloche, alors que la forêt américaine s'apparente davantage, par sa sauvagerie, son immensité et sa solitude radicale, à l'océan.
L'écriture est très belle, le regard acéré et non sans humour, avec parfois des traits prophétiques Déjà en effet la race blanche s'avance à travers les bois qui l'entourent et dans peu d'années l'Européen aura coupé les arbres qui se réfléchissent dans les eaux limpides du lac et forcé les animaux qui peuplent ses rives de se réfugier dans de nouveaux déserts. (pg 43-44) et d'autres traits d'un comique involontaire Detroit est une petite ville de deux ou trois mille âmes... (pg 20).
Pour qui veut se faire une idée de son style, ou qui veut mesurer les changements intervenus sur une petite portion du monde en bientôt deux siècles, ce petit ouvrage est fort bienvenu.