Nous sommes en 1937. Antonin assiste à l'enterrement de sa mère, et il y fait la rencontre d'un vieil homme, qui dit être son oncle, Cyprien Brossard. Cette personne se présente à Antonin, et tient avec lui une conversation hallucinante. Depuis maintenant plusieurs générations, les garçons ainés de la famille Brossard meurent toujours à l'âge de trente-trois ans. Ce fût le cas d'Aimable Brossard, décédé des suites d'une maladie contractée lors d'un voyage en Amérique du Sud, de Joseph Brossard, écrasé par un fiacre, et de Jacques Brossard, mort au combat.
L'ennui pour Antonin, c'est qu'il a beau ne pas croire à de telles sornettes, il vient tout de même d'avoir l'âge fatidique. Son oncle lui a remis un carnet remplis de notes, et Antonin ne peut s'empêcher de parcourir les histoires de sa propre famille. Dans la vie privée, Antonin est engoncé dans une petite vie tranquille et bourgeoise, avec une épouse qu'il n'aime plus depuis longtemps, et un jeune fils prénommé Marius.
Ce qui fait encore vibrer Antonin, c'est sa maîtresse, une jolie fille nommée Miranda, espagnole d'origine. Miranda est attirée par le pays de son père, et elle décide d'abandonner Antonin et la France pour aller combattre les fascistes qui envahissent l'Espagne. Elle lance un défi à Antonin, qui ferait bien de relancer sa vie, de la mener pour de bon. Un choix difficile, mais qu'un homme de plus en plus convaincu qu'il en est à la dernière année de sa vie va prendre...
Nous voilà encore avec une histoire au sein de la grande Histoire avec cette nouvelle série signée Galandon. C'est Olivier Berlion qui a la responsabilité graphique de ce tome, qui paraît dans la très belle collection Grand angle de Bamboo, qui fête actuellement son dixième anniversaire d'existence (déjà !). La collection peut maintenant s'ennorgueillir de pas mal de titres prestigieux, et cette nouvelle collaboration ne peut qu'aller en ce sens.
C'est évidemment le cas, avec cette histoire qui tourne autour du personnage d'Antonin. L'homme est tout à fait réfléchi et cartésien au départ, et il sera intéressant de voir le doute s'immiscer dans son esprit au fur et à mesure de la lecture du carnet qui relate les vieilles histoires de sa famille, et ce côté parfaitement troublant de voir tous les hommes mourir à l'âge du christ.
Les dessins de Berlion sont toujours aussi assurés, même si on pourra regretter que la colorisation n'atteint malheureusement le niveau de ce qu'on a pu voir sur des séries comme Garrigue, ou l'excellent Lie-de-vin, bien plus ancien. Certaines planches peuvent ainsi apparaître trop lisses, avec des visages dont l'expression manque de jeux d'ombres et de lumières.
Pour autant, le récit se découvre avec délectation : Galandon sait nous emporter dans ce nouvel univers avec des personnages attachants, aidé en cela par Damien Marie, excellent scénariste notamment de La cuisine du diable chez Vents d'Ouest. Un très bon premier tome bien agréable à parcourir, même s'il souffre de quelques inégalités graphique qui seront bien vite corrigées !