Les Chroniques de l'Imaginaire

En avant, route ! - Saint-André, Alix (de)

Pour des raisons qu'elle ne dévoilera pas à ce moment-là, Alix prend un beau matin de juillet le "chemin français", pour aller à St Jacques de Compostelle à partir de St Jean-Pied-de-Port. Et quand, crachant ses trois paquets de clopes quotidiens, elle voit indiqué, à Roncevaux : "St Jacques de Compostelle 765 km", elle croit à une blague ou une erreur, puis est tout à fait sûre qu'elle n'y arrivera jamais. Et pourtant, avec et contre ses pieds, ses clopes, Raquel et ses autres co-pélerins, elle y arrive.

Et il faut même croire qu'elle y a pris goût, puisqu'elle refait un petit bout, le "chemin anglais", cette fois, l'année d'après, pour finir de se réconcilier avec Raquel.

Et finalement, elle prend le "vrai chemin", de chez elle dans le Maine-et-Loire jusqu'au Finisterre, trois jours de marche au-delà de St Jacques.

Ce sont trois voyages très différents sur le même chemin (partiellement au moins) que nous narre l'auteure.Le premier est marqué par la douleur, tant physique que morale, avec ces pages magnifiques sur les amies mortes pendant qu'elle marchait. C'est aussi un chemin où les femmes semblent tenir la première place, comme d'ailleurs dans son "appendice" qu'est le deuxième voyage.
Le troisième est beaucoup plus introspectif, et presque exclusivement "accompagné" par des hommes, présents sur le chemin (Pain-in-the-Ass, les "sept maris"...) ou absent (le père d'Alix), et si dans le premier elle souffrait beaucoup, elle se transforme dans celui-ci en celle qui s'occupe des douleurs et ampoules des autres. Ce voyage est aussi beaucoup plus religieux. J'avoue pour ma part que tout le passage sur St Théophane Vénard m'a paru d'une extrême longueur.

L'écriture est alerte, souvent drôle, les compagnons de route croqués de façon vivante et pleine d'humour, et constituent une galerie de personnages marquants. La version orale convient parfaitement à ce texte, qui à mon sens prend sa véritable dimension quand on l'écoute en s'activant, ou bien sûr en marchant ! Le fait qu'il soit lu par son auteure est une expérience singulière, plus personnelle, sinon plus intime.