Les Chroniques de l'Imaginaire

Morphine - Boulgakov, Mikhaïl

Vladimir Mikhaïlovitch, dit Bomgard, est muté de l'hôpital rural de Smolensk pour celui du chef-lieu du district à Viazma. Depuis un an, il a enfin retrouvé le sommeil et la quiétude d'une vie moins solitaire durant les mois d'hiver.

Un soir, il reçoit une lettre du médecin qui lui a succédé dans son ancien hôpital de Gorelovo. Sergueï Poliakov lui demande son aide au plus vite. Un mal pernicieux le ronge.

Après avoir demandé la permission au médecin-chef, Vladimir va entreprendre, dès le lendemain, le voyage vers son ami. Mais, à minuit, la garde-malade le réveille pour lui annoncer que le docteur de Gorelovo est aux urgences. Il s'est brûlé la cervelle. Le mourant a le temps, dans un dernier souffle, d'aviser le docteur Bomgard que son cahier est pour lui.

Sur le bureau de Vladimir, un feuillet lui explique le geste de son collègue Poliakov. Dans le cahier d'écolier de Sergueï, le docteur Bomgard y lit la lente descente aux enfers de son ami dans la morphinomanie.

Morphine est une nouvelle dont la première publication est éditée en décembre 1927 dans la revue Meditsinkii Rabotnik. Cette nouvelle est, au même titre que Les récits d'un jeune médecin, très inspirée de la vie de son auteur qui exerça la médecine dans des conditions voisines de celles vécues par son héros. A la suite d'une allergie au sérum antidiphtérique, Boulgakov devient morphinomane à cause du traitement qu'on lui administre. Il ne réussira à se sevrer que grâce à la ténacité de son épouse.

C’est en 1920 que Boulgakov décide d'abandonner la médecine pour se consacrer à l'écriture. Nullement fasciné par la révolution bolchévique, à la différence de nombreux intellectuels, il collabore à diverses revues et se fait connaître comme un des meilleurs représentants de la satire russe de cette époque. Souvent censurée, il faudra attendre vingt ans après sa mort pour découvrir son œuvre. Elle témoigne de la libération d'un écrivain isolé, muselé et persécuté, aux grandes valeurs humaines.