Humoriste, langue de pute, humoriste ET langue de pute, Stéphane Guillon est tout cela à la fois. On l'aime ou on ne l'aime pas. il est difficile de trouver un juste milieu. Pour certains, il est simplement méchant pour être méchant. Le peu que je connaissais de lui me faisait rire (oui, j'aime le rire critique, le rire caustique, celui qui fait tiquer ceux dont on se moque généralement des puissants qui n'ont pas trop l'habitude qu'on se moque d'eux). Du coup, j'ai voulu découvrir cette intégrale de ces chroniques radio de France Inter publiées initialement dans deux ouvrages, On m'a demandé de vous calmer et On m'a demandé de vous virer. Et je ne le regrette pas.
Donc, pas de gros suspenses, oui, Stéphane Guillon est une langue de pute et, le bougre, mais c'est qu'il le revendique en plus ! Mais si on ne s'arrête pas à la simple méchanceté du propos et qu'on regarde ce qu'il y a derrière, Stéphane Guillon est plus que ça. Bien sûr qu'il dit du mal des gens, mais c'est souvent pour faire réagir, grossir les traits. Quand il s'attaque à notre ancien président, Nicolas Sarkozy, et aux membres de ses anciens gouvernements (Eric Besson, Brice Hortefeux ), les propos sont souvent justes. Avec son il de caricaturiste il aime à nous faire voir la stupidité dans laquelle nous nous complaisons. Il remet les pendules à l'heure et j'aime beaucoup. Effectivement, passer son temps à nous demander de nous serrer la ceinture tout en faisant des dépenses inutiles et avoir un train de vie dont on peut largement se passer, même quand on est un homme politique, quand quelqu'un nous met le nez dedans, on n'aime pas. Parce que les médias n'en parlent pas. Ah bah non, un journaliste est là pour rester objectif, relater, ne pas prendre parti. Tiens, je t'en foutrait de l'objectivité ! Du coup, avoir des personnes, Stéphane Guillon ou d'autres, qui n'ont pas peur de se faire taper sur les doigts, qui aiment chahuter les gens, quels qu'ils soient, je trouve que ça fait du bien. En fait, il fait un véritable boulot de journaliste impliqué avec la plume d'un humoriste acerbe.
Je ne pense pas que les personnes qui n'aiment pas l'humour de Stéphane Guillon puissent apprécier ce livre. Par contre, ceux qui n'ont rien contre lui vont se régaler. Certes, la cible préférée était notre bonne vieille droite décomplexée (c'est-à-dire qui ne dénoterait pas au FN mais qui n'ose pas parce que ça fait mieux d'être à l'UMP même si certains donnent des interviews dans Minute, un journal d'extrême droite, ou faisaient partie de mouvement nationalistes mais on les inclue quand même ensuite dans des gouvernements dits républicains). Mais qu'on se rassure, quand le PS faisait une bourde, Stéphane Guillon ne manquait pas de la relever. D'ailleurs, il risque de s'en donner à cur joie à présent que le pays a changé sa figure de proue.
Quoi qu'il en soit, j'ai passé un excellent moment à rire mais aussi à me navrer du monde dans lequel on vit et de la naïveté (ou la volonté de ne rien voir) de la majorité (trop ?) silencieuse.