Il serait possible de penser qu'il ne se passe pas grand chose dans les égoûts d'une immense cité comme Megalopol, en dehors de hordes de rats ou de chauve-souris grouillant dans la crasse et les odeurs nauséabondes... Eh bien, ce serait là une bien grossière erreur, tant ces endroits en sous-sols regorgent d'activités. Bien sûr, on trouve bien les hordes de rats classiques dans ce genre d'endroit, ainsi que les odeurs insupportables, et la crasse indéfinissables. Mais on y trouve également des êtres humains, à commencer par les krakeneurs, une bande de surveillants dirigés par le très charismatique Dante...
Et Dante a pu en voir, des choses incroyables, depuis qu'il est en service. Du trafic de drogue, des meurtres, des prostituées, des clochards qui vivent dans ces bas-fonds (et qui sont même parfois des vrais indics !). Mais il est une chose invraisemblable dont on pourrait penser qu'il s'agit d'une légende urbaine : l'existence d'un monstre séculaire appelé le Kraken. Dante peut en témoigner : ce monstre souterrain existe bel et bien. Personne ne l'a vu en entier, mais il est fréquent d'entendre le bruit caractéristique qu'il produit lorsque ses tentacules rôdent dans un couloir voisin.
Le Kraken, donc, existe bel et bien, et il ne sait pas faire la distinction entre un krakeneur chargé de garder l'ordre et la sécurité dans les égoûts, et les vrais méchants, comme les gens de la mafia locale, ou les braqueurs de banques qui cherchent une bonne cachette pour y entreposer leur récent butin. Dante l'a vu plusieurs fois, et il a même vu certains de ses collègues être dévorés vifs, sous ses yeux. Il a lui-même pu lui échapper de justesse...
C'est en 1986 que nous pouvions découvrir pour la première fois les histoires courtes du Kraken, dessiné par Jordi Bernet, avec un scénario à chaque fois de Antonio Segura. Les mini-histoires que nous découvrons pour la première fois en intégrale, sont un véritable hymne à la série B. Le dessin est d'une grande finesse, et reste gravé dans de nombreuses mémoires depuis. Une grande force de mouvements se dégage graphiquement, et le noir et blanc est ici parfaitement adapté.
La série se décompose donc en une multitude de scènes, où les situations permettent de voir plus ou moins nettement un monstre gigantesque et informe, qui ne tiendrait de toute façon pas dans une double page ! Ce n'est pas sans rappeler le récent diptyque de série B de Christophe Bec (Under), paru chez Le Lombard, et qui permettait de suivre une troupe de gardiens aux prises avec de monstrueuses araignées tueuses. Plus de force se dégage de ce Kraken toutefois.
Une intégrale qui fera donc plaisir à tous les amateurs de séries B ou de films d'horreur : l'ambiance glauque et sombre y est parfaitement retranscrite, pour votre plus grand bonheur !
