Joseph et Zika sont mariés depuis près de cinquante six ans. Toute une vie, en somme.
Mais un jour Zika a un malaise, et Joseph réalise qu'il ne peut assumer seul. Les voilà obligés de quitter leur maison campagnarde trop isolée, et, surtout, drame pour eux, de se séparer, car aucun de leurs deux enfants ne peut accueillir le couple parental. De ce fait, Zika va à Paris chez leur fille, Isabelle, qui l'accompagne à l'hôpital faire les examens cardiaques nécessaires, et Joseph chez leur fils Gauthier.
Et comme ils ne sont pas à l'aise avec le téléphone, ils s'écrivent leur amour et leur quotidien.
Ce roman épistolaire aborde tout en délicatesse le thème de l'amour et du désir chez les seniors, mais aussi et surtout celui, moins souvent traité encore, des effets sur les enfants d'un mariage à ce point réussi. Les deux parents de cette histoire n'ont jamais eu besoin que de l'autre pour vivre, et la fille aînée semble ne pas s'en être remise. Certes, ils "se sont occupés" du mieux qu'ils ont pu d'elle, comme de son frère, et tous deux se retrouvent désemparés devant les reproches d'Isabelle et le choix de vie de Gauthier. Plus largement, c'est donc à une réflexion sur la parentalité que nous convie l'auteure.
Cela dit, et même si j'ai trouvé assez peu crédibles les raisons de la séparation, ce roman court et plaisant, dont il nous semble avoir déjà croisé les personnages, peut aussi se lire au premier degré, comme des scènes de la vie quotidienne dans une famille décomposée.