Les Chroniques de l'Imaginaire

2087 - Bry, David

Nous sommes à Paris, en 2087, un Paris métamorphosé, protégé en partie des radiations mortelles des bombes par un champ énergétique. Ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir vivre ici subissent des mutations horribles et inéluctables qui les mènent irrémédiablement à la mort. D'ailleurs, la cité subit régulièrement l'assaut des banlieues qui souhaitent la chute de celle qui se dresse comme un témoignage de leur déchéance.

C'est là que vit Gabriel, un détective. Un jour, il reçoit l'appel d'une femme lui demandant d'enquêter sur la disparition de sa sœur. En se rendant à l'appartement de sa cliente, il la découvre morte. Mais plus étrange encore, une boite est posée là, avec son nom bien en évidence dessus. A l'intérieur, la tête d'un spilien, un de ces mutants insensibles aux radiations qui leur ont seulement permis de développer des capacités psychiques. Pourquoi cette femme a-t-elle fait appel à lui ? Pourquoi son nom se trouve-t-il sur cette boite ? Que se trame-t-il ?

En entrant dans l'univers mis en place par David Bry, impossible pour moi de ne pas songer à la ville mise en scène dans le film Blade Runner ou à la société martienne de Total Recall. L'auteur nous plonge avec brio dans un Paris asphyxié, surchargé et pollué, où les buildings se dressent de plus en plus hauts, dans une tentative désespérée d'échapper au brouillard radioactif qui envahit les bas quartiers. Ici, l'homme survit plus qu'il ne vit. Ceux qui ont muté, ceux qui sont différents sont exclus, rejetés ou exploités. Plus de nature, pilules pour seule nourriture, mutations, améliorations cybernétiques, il semble n'y avoir ni espoir ni avenir, seulement une lente et inéluctable destruction du genre humain. C'est dans cette atmosphère qu'un détective au lourd passé, comme nous le découvrirons au fil du récit, va mener l'enquête. Celle-ci l'entraînera au cœur du fonctionnement de la cité.

Un thriller d'anticipation noir, très noir qui nous brosse un futur qu'on espère ne jamais voir s'accomplir même si on est en droit de se demander si l'homme, de par sa nature, ne va pas inexorablement au-devant de sa perte. Une très jolie découverte.