Les Chroniques de l'Imaginaire

Sans âme (Le protectorat de l'Ombrelle - 1) - Carriger, Gail

Miss Alexia Tarabotti est le vilain petit canard de sa famille : à vingt-six ans, elle est toujours célibataire. Trop brune, trop pulpeuse, trop grande, trop intelligente, trop indépendante... voilà qui fait un peu beaucoup pour la même personne, aux dires de sa mère. D'autant plus que Miss Tarabotti n'a pas la langue dans sa poche. Autre fait sensible - ignoré par sa mère celui-ci - : Alexia est une paranaturelle. En d'autres termes, elle n'a pas d'âme, et les créatures surnaturelles perdent leurs pouvoirs à son contact.

Au cours d'une réception, alors qu'elle s'ennuie à mourir, Alexia trouve refuge dans la bibliothèque où elle demande, en bonne Londonnienne, à ce que lui soit servi le thé. C'est alors qu'un vampire qu'elle ne connait ni d'Eve ni d'Adam s'attaque à sa gorge. Alexia le tue accidentellement avec son ombrelle.

L'affaire cause forcément un sacré remue-ménage et Lord Maccon, un loup-garou écossais, est dépêché pour s'en occuper. Lord Maccon et Alexia se détestent cordialement depuis une curieuse affaire où le loup-garou se serait retrouvé, par la faute d'Alexia, le postérieur posé sur un hérisson.

Tout cela était déjà bien compliqué, et voilà que d'autres vampires s'en mêlent. Des disparitions suspectes se produisent, Alexia est poursuivie par un homme étrange à la peau cireuse, convoquée par la reine des vampires... Il va falloir remettre un peu d'ordre dans tout ça !

L'atmosphère surannée de Sans âme contraste agréablement avec ce que l'on attend de la bit-lit "classique". Les dentelles, les ombrelles et les tournures remplacent le cuir et les tatouages ; la préciosité des dialogues prend le pied sur le langage cru ; les codes de conduites très strictes de la société victorienne anglaise sont bien loin de ceux des pays anglo-saxons contemporains. Tout ceci crée un décalage amusant, car hormis ce changement de décor, les ingrédients du Protectorat de l'ombrelle sont les mêmes que ceux de toute bonne série de bit-lit : de l'action, du suspense, de l'humour, de la romance et du sexe.

A toutes ces qualités s'ajoutent une description détaillée et vraisemblable de l'organisation des êtres surnaturels : les vampires vivent en ruche, comme les abeilles, avec une Reine, et les loup-garous en meute dirigée par un Alpha. La faim, la soif, les transformations au cours de la pleine lune... Tout y passe, et pour une fois, on a une explication cohérente à tout ça.

En somme, ce premier tome du Protectorat de l'ombrelle est un vrai plaisir de lecture que je ne peux que vous conseiller !