Dans sa cage, le loup marche. D'abord de gauche à droite puis de droite à gauche, inlassablement, il marche. De l'autre côté des barreaux, il remarque un garçon qui l'observe. Celui-ci ne bouge pas, le regard fixé sur le loup. Ce dernier se demande bien ce que cet humain peut lui vouloir. Mais le loup continue de marcher, parcourant encore et encore le même trajet. Et toujours l'enfant qui l'observe. Bah, le loup se dit qu'il finira par se lasser mais jour après jour, l'enfant est là, immobile, fixant le loup sans broncher. Arrive le dimanche, jour sans humain, où le zoo se repose. Enfin le loup sera tranquille. Mais non, car l'enfant est là. Alors l'animal s'arrête, s'assoit face au petit homme et le fixe de son il unique. Il a perdu l'autre le jour de sa capture. Mais le loup est gêné. Il ne sait quel il fixer, lui qui n'en a qu'un. C'est alors que l'enfant fait une chose incroyable : il ferme un il. A ce moment dans la pupille du loup, l'enfant voit. Et dans la pupille de l'enfant le loup voit. Ils voient la vie de l'autre avant, ailleurs.
Raconté par Daniel Pennac lui-même, Lil du loup est l'histoire d'une rencontre entre un loup et un enfant. Chacun va découvrir la vie passée de l'autre. Les grandes étendues glaciales et désertiques de l'Alaska pour l'un, les différents visages de l'Afrique, entre désert aride, plaine rocailleuse et forêt luxuriante pour l'autre. Tous deux ont été arrachés à leur milieu et tous deux ont dû apprendre à s'adapter. On y découvre bien évidemment l'homme le destructeur, celui qui vit la chasse comme un jeu, celui qui détruit la nature sans se retourner. Mais il y a aussi de belles rencontres, des amitiés indéfectibles, de l'espoir.
Attention, le CD ne reprend pas l'uvre dans son intégralité. Des coupes ont été faites mais elles sont signalées par la présence de parenthèses au sein du texte et surtout elles ne gênent en rien la compréhension. Elles rendent juste le récit plus vivant, plus oral. Très ingénieux, des numéros sur chaque page renvoient aux plages du CD, facilitant l'arrêt et la reprise de l'écoute. Les illustrations de Catherine Reisser, tout en douceur et simplicité, collent parfaitement au récit. Une belle histoire, mise en musique par l'Orchestre de Chambre de Paris.