Lew Griffin est un vieux privé black de la Nouvelle-Orléans. Après un bon paquet d'enquêtes résolues, la vie est devenue tranquille, il a écrit plusieurs bouquins et enseigne, désormais, la littérature moderne à l'université tout en acceptant encore quelques enquêtes sur le côté.
Un beau jour, tout cet univers confortable et calme est chamboulé. Un interne de l'hôpital Hôtel-Dieu appelle Lew en lui disant avoir trouvé son nom dans un roman appartenant à un clochard sans nom fraîchement admis dans un sale état. Ce livre, Lew l'a écrit. Ce livre, Lew l'a dédicacé à son fils, David qui a disparu depuis des années.
A son réveil, l'inconnu dit s'appeler Lew Griffin.
Cet événement va pousser Lew à plonger dans son passé, à la recherche des réponses qu'il n'a jamais eu envie de découvrir. Comment en est-il arrivé là ? Comment combler ses manques après une vie si remplie ? Pourquoi son fils est-il parti ?
Sallis promène son héros dans les rues de la Nouvelle-Orléans avec une belle écriture, pleine de finesse qui reflète à merveille l'amour et la connaissance qu'il a de cette ville. Ce roman est une longue promenade dans le passé de son privé, lente et paresseuse sous la chaleur moite de l'ancienne colonie française.
Malgré son caractère débonnaire et son allure douce, Lew est difficile à suivre dans ses allers-retours constants entre le présent et le passé, ce qui amène à l'impression d'être complètement perdu par l'auteur. Ce sentiment persiste même en relisant les dernières pages lues, dommage. Le style d'écriture de Sallis, fluide et souple, permet, toutefois, de passer vite à autre chose, d'autant que le récit est plutôt monotone et sans tension dramatique.
On se plaît à le lire mais rien ne se fixe dans la mémoire du lecteur, ce qui, au final, ne pose pas de problème dans une enquête qui n'en est pas vraiment une. L'oeuvre de Sallis tient plus du roman noir psychologique que d'un polar.
Cet Oeil du criquet est bien écrit et se laisse lire avec beaucoup de plaisir mais il manque, tout de même, un petit quelque chose.