Astridr, la fille de Thorgerr aux cent guerriers, est sur le point de mettre au monde son fils. Astridr a seize ans, et le père de l'enfant à naître n'est autre que Valgar. L'accouchement se déroule bien, mais déjà, Thorgerr et ses hommes sont sur place. Ils sont à la recherche de Valgar, lui qui a osé épouser la fille de Thorgerr sans le consentement de ce dernier. En pleine nuit, la chasse à l'homme commence...
Valgar parvient à semer ses poursuivants en passant par les recoins sombres et reculés de la forêt, où les arbres attaquent violemment. C'est blessé que Valgar trouve refuge dans une grotte, qui n'est autre que la demeure de Ogerth-le-Sinueux, un être maléfique qui épargne Valgar car ce dernier est armé de la lance de Jehall, une lance de grande valeur qui lui avait été remise par un homme au manteau rouge, voilà bien longtemps.
Pendant la poursuite, Thorgerr massacre un ami de Volgar, et son druide, Dar Guilva, plonge Astridr Argfusson dans une demi inconscience. Le bébé, Gunnar, vivra, mais il sera impossible à son père de le retrouver... Valgar décide à présent de s'adresser au conseil des anciens pour faire valoir ses droits auprès de Thorgerr : il souhaite retrouver sa femme et son fils, et doit donc pour cela partir parler à un ancien dénommé Njall-le-brûlé. Pour avoir son oreille, il devra d'abord voir Skarperdinn, le fils de Njall, à Bergthorshvall.
Skarperdinn a pour femme la sulfureuse Hildegirrd, femme blonde aux cheveux coupés courts. Skarperdinn est sur le point d'entrer en guerre avec les contrées voisines, et Valgar propose son aide pour prouver sa valeur et pouvoir parler plus facilement à Skarperdinn. Mais il ne se doute pas encore que le danger est dans la beauté : Hildegirrd a posé son dévolu sur le blond et fort Valgar, et elle fera tout pour que ce dernier succombe à ses charmes, notamment en lui faisant croire qu'Astridr et son fils sont morts...
Ce premier tome de Saga Valta constitue un évènement, rien qu'à l'évocation de ses auteurs. Nous tenons là une nouvelle série de Jean Dufaux (Murena, Djinn, et bien d'autres...), et c'est Aouamri qui devient un dessinateur de la bande à Dufaux : graphiquement, nous retrouvons des lieux sombres et détaillés, tout à fait propices à l'évasion. Les forêts et les sous-bois sont particulièrement réussis, à l'instar de ce qu'on pouvait déjà voir sur La quête de l'oiseau du temps, de Loisel.
L'histoire est pleine de rebondissements, avec ce personnage complexe de Hildegirrd, qui allie le charme physique et un intellect torturé et pernicieux. Saga Valta est aussi l'occasion de découvrir un bestiaire intéressant, dans ce milieu très masculin et d'une extrême violence parfois, comme ces êtres décharnés, aveuglés par la fin, qui se défoulent dans le village dans lequel ils sont lâchés.
Ce Saga Valta est une alternative tout à fait intéressante au récent Asgard. Le premier tome de ce qui sera un diptyque qui devrait laisser une trace tout à fait durable dans les mémoires !