Niels Bentzon est négociateur dans la police de Coppenhague, il revient dun arrêt maladie car il est maniaco-dépressif. Il intervient dans lappartement dun forcené qui a tué sa femme et a lintention de supprimer également ses deux filles. Il arrive à le calmer. Le lendemain, son chef le convoque pour lui adresser divers reproches. Il lui confie une dernière mission avant son départ en vacances. Interpol a signalé une vague de meurtres à travers le monde touchant des hommes bons et son chef lui dit daller avertir quelques personnes, qui pourraient être concernées, de se tenir sur leur garde. Laffaire a été signalée par un inspecteur vénitien, Tommaso di Barbara, mais Interpol ny attache pas grande importance. Le chef de la police danoise non plus, car le sommet international sur lenvironnement va commencer et une menace terroriste pèse sur le pays. Niels doit juste prévenir les personnes éventuellement concernées de faire attention.
Niels doit partir le lendemain en Afrique du Sud pour rejoindre sa femme, mais il a la phobie de lavion et des voyages. Il se prend au jeu de sa mission et rencontre ainsi Hannah qui va laider à traquer cet assassin mystérieux. Il a établi sa liste par ordinateur et se rend compte que toutes les personnes quil rencontre ont quelque chose à cacher.
Lors du départ de lavion, il a une violente crise de panique et renonce finalement à ses vacances. Comme il ne veut pas réfléchir à ses problèmes psychologiques, il se lance à fond dans lenquête.
Nous faisons aussi connaissance avec Tommaso di Barbara, linspecteur qui a pris au sérieux cette histoire de meurtre. Il a établi que le prochain aura lieu soit à Venise, soit à Coppenhague. Il a mené cette enquête à linsu de sa hiérarchie, ce qui lui vaut dêtre suspendu. Sa mère est en train de mourir à lhôpital et il apprécie que Niels prenne laffaire au sérieux, mais ils sont bien seuls.
Nous croisons également un terroriste qui veut aller faire sauter une église à Coppenhague, nous partageons ses états dâme et le moins quon puisse dire cest que nous sommes en plein cliché sur lOccident qui exploite les autres peuples et autres fadaises du même tonneau.
Niels démasquera le terroriste et continuera son enquête sur ce mystérieux assassin avec laide dHannah, dont il ne tarde pas à tomber amoureux.
Nous voici embarqué dans un long thriller ésotérique, basé sur la légende juive des trente six Justes, qui permettent au monde dexister, que jai apprécié moyennement. Jai beaucoup aimé les personnages principaux dont la psychologie est très poussée, ce qui nest pas vrai des personnages secondaires. Le terroriste en particulier est une vraie caricature, un méchant de dessin animé. Dans lensemble lintrigue est bien soutenue et le suspens bien préservé de fausses pistes en révélations. Il y a bien quelques longueurs, mais ce nest pas trop gênant.
Jai aussi beaucoup aimé le thème qui est original dans la foultitude de thrillers ésotériques publiés depuis quelques années. Il se passe entièrement à notre époque et ne fait pas intervenir de mystérieux manuscrits datant de Charlemagne voire dHomère. La résolution de lénigme passe par la science.
Passons à ce que jai moins aimé: Le début est assez confus, il faut plusieurs dizaines de pages pour voir de quoi il retourne. Certes lauteur en a écrit plus de sept cents, mais je préfère un démarrage plus rapide de lintrigue principale. Plusieurs dialogues sont en anglais, ce qui ralentit la lecture pour les personnes qui comme moi ne sont pas très à laise dans la langue de Shakespeare, plusieurs fois jai dû réfléchir au sens de certains mots pour saisir le dialogue. Cela permet certes de réviser ses connaissances scolaires, mais ça napporte rien à lintrigue, il aurait suffit de dire que tels et tels personnages communiquent en anglais plutôt que de le faire savoir ainsi au lecteur. Ceci se reproduit plusieurs fois, parfois sur des passages de plus dune demie page et ça ma dérangée.
Mais ce qui ma le plus dérangée et carrément déplu, cest le traitement de la légende des trente six Justes. Cest très regrettable quune thématique aussi originale soit si mal traitée et si déformée. Dès le début du livre il y a des allusions subtiles à Abraham et à Kirkegaard, qui a fait de ce thème lun des axes de son oeuvre. La dernière partie du roman sappelle dailleurs le livre dAbraham. Malheureusement les auteurs gâchent ce bel effort dans le dénouement du livre et lon retombe dans un cliché lamentable qui transforme Dieu en une divinité païenne sanguinaire. Sans doute ma formation théologique a orienté mon regard, mais jai trouvé le dénouement vraiment ridicule et peu convaincant.
En résumé, je dirais que cest un livre qui ma plus moyennement, mais je pense quil sera apprécié des amateurs de thrillers ésotériques moins attachés que moi aux traditions judéo-chrétiennes (pour faire court). Je crois me souvenir quAndré Schwarz-Bart a aussi traité ce thème du dernier Juste, mais dune manière autrement plus brillante.