Les Chroniques de l'Imaginaire

Paris brûle encore (Jour J - 8) - Pécau, Jean-Pierre & Duval, Fred & Blanchard, Fred & Damien

Nous sommes en 1976, à l'approche des côtes françaises. C'est la pagaille dans le pays, et c'est ce que vient constater Oliver Nooman, un grand reporter américain qui débarque en compagnie de quelques soldats américains, dont le jeune Tony Monza, une nouvelle recrue qui a fait le voyage avec Nooman. La France connaît une période de guerre civile qui dure depuis 1968, et Nooman est là, officiellement, pour prendre quelques clichés des affrontements qui ont ravagé, et qui continuent de ravager, la ville de Paris.

Bien évidemment, la capitale française n'est pas la seule à être victime des fusillades et autres bombardements. En chemin, on peut se rendre compte que la ville de Caen est pratiquement entièrement rasée, laissant quelques habitants hagards. Toute cette situation a commencé en 1968, avec la perte du général De Gaulle lors des attaques de la population contre l'Elysée. Depuis, la droite et la gauche se disputent le pouvoir dans des combats sanglants, et de nombreux clans ont vu le jour dans la capitale.

Ces clans sont difficiles, voire impossibles, à contrôler : les rixes sont nombreuses entre les gangs rivaux, et les rues de Paris sont laissées à présent entre les mains des plus forts, des gangs punks pour la plupart, qui ont complètement oublié maintenant pourquoi ils se battent... Nooman est en fait maintenant à la recherche, tout à fait officieuse, de Mona Lisa, et d'autres pièces qui se trouvaient dans le musée du Louvre avant les conflits.

Le gouvernement français a eu la présence d'esprit de cacher toutes les oeuvres d'art de valeur avant le début des hostilités, et il va falloir maintenant ruser, en louvoyant à travers les gangs et leurs intérêts, pour pouvoir retrouver la trace de ces joyaux intemporels de l'humanité...

Nous en sommes bon an mal an au huitième tome de Jour J, avec toujours Fred Duval et Jean-Pierre Pécau au scénario. Ce n'est pas la première fois que Paris se retrouve au centre des débats d'un tome de Jour J, après que la capitale soit par exemple tombée aux mains des soviétiques, en 1951, dans le second tome de cette série de one-shots. On se retrouve ici embarqués avec un reporter américain, se frayant un chemin parsemé d'embûches à travers les différents quartiers de la capitale.

Nooman risque sa vie à chaque instant : les balles perdues sont nombreuses, ainsi que les meurtres de sang froid. C'est accompagné de Pallas, une jeune femme punk paumée, que Nooman parvient à se frayer un chemin à travers les boulevards et les quartiers très connus de la ville. Ce tome est l'occasion de voyager, et de découvrir un Paris post-apocalyptique bien différent de la belle capitale que l'on connaît habituellement. Les églises ont bien souffert dans cette version de la ville, la religion étant un élément qui oppose particulièrement certains gangs rivaux.

Le dessin de Damien (qu'on a pu voir dernièrement dans le troisième tome de Une brève histoire de l'avenir, chez le même éditeur) est soigné, et parfaitement lisible, autant dans les personnages et leurs expressions, que dans les différents plans de la capitale dévastée. L'ambiance graphique est ainsi particulièrement réussie et plausible, là où l'exercice était pourtant délicat à la base.

Ce huitième tome de Jour J constitue ainsi tout simplement un des meilleurs tomes de cette série, le meilleur en tout cas qui met Paris en scène !