Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Aventuriers du temps perdu (Azimut - 1) - Lupano, Wilfrid & Andréae, Jean-Baptiste

Aristide et son père sont des gens de modeste condition, qui vivent dans une cabane perchée tout en haut d'un gigantesque arbre. Le père et le fils vivent de l'observation des oiseaux, et la seule chose qu'ils craignent est l'arracheur de temps. Pas grand chose à craindre cependant, car l'arracheur ne s'en prend qu'aux grands de ce monde, et non aux gens de modeste condition. Les observateurs vont être bien surpris en cette belle journée, avec l'apparition d'une lurette, un oiseau très rare et très prisé, qui vient de pondre un oeuf à douze tâches sur cet arbre.

On dit qu'un tel oeuf, qui est le dernier qu'une lurette pond dans sa vie, a la capacité de vous donner la vie éternelle. En attendant, le père d'Aristide prend un gros risque en allant chercher cet oeuf, avec une branche fragile qui ne manque pas de casser et de précipiter l'homme dans le vide...

Des années plus tard, nous retrouvons le comte Quentin de la Pérue, en pleine tempête, à bord de son navire. L'homme est désespéré de ne voir aucune terre à l'horizon, après avoir perdu quatre autres navires, et tout son équipage naviguant. Seul le peintre de l'expédition, Eugène Friche, est encore à bord, enfermé dans sa cabine. Cela fait des semaines qu'il s'acharne à peindre une femme superbe qu'il dit détester. Une femme magnifique, appelée Manie.

Enfin, la terre approche : l'explorateur Pérue pense découvrir de nouvelles terres, jusqu'à ce qu'il se rende compte, ébahi, qu'il est simplement revenu chez lui, sur les terre de Ponduche et de son roi, Irénée. Il s'avère que deux choses ont changé depuis le départ de l'expédition : le Nord a été perdu (il ne se passe pas un jour sans que chaque boussole du royaume n'indique le nord dans des directions différentes), et le roi Irénée de Ponduche vient d'avoir une nouvelle fiancée asiatique, une femme magnifique, qui ressemble à s'y méprendre à celle qu'Eugène dessinait tout en détestant de toutes ses forces...

Nous en sommes là au tout premier tome d'Azimut, une nouvelle série scénarisée par Lupano, et dessinée par Andreae. Les auteurs se sont littéralement éclatés à inventer un monde imaginaire, beau et loufoque, propice à l'évasion pour tout nouveau lecteur. Ainsi, nous partageons la naissance des saugres, des êtres qui peuvent prendre différentes formes, et qui naissent dans les oeufs de clepsigrue, un étrange oiseau gigantesque et en partie métallique. On se surprend à rire devant la naissance de ces êtres. On est en admiration devant cette magnifique Manie, dont on ne peut également que se méfier, malgré l'apparence angélique. Un monde où les dialogues sont fins et parfaitement soignés, de quoi nous rappeler des séries comme De cape et de crocs, ou encore La nef des fous, même si le livre est encore différent de ces deux séries.

Et pour faire ressortir cela, il aura bien fallu tout le talent d'Andreae, le dessinateur dont on avait déjà pu admirer le très beau travail dans La confrérie du crabe. Dans ce triptyque, l'auteur nous montrait des décors très sombres et souvent glauques, comme on peut voir dans les livres de Guillaume Sorel. Ici, on tient quelque chose de très différent : le monde imaginé est très coloré, très éclairé, et les costumes des différents protagonistes sont bien souvent chichement colorés.

Le dessin est ici le point extrêmement fort de l'album (même si le récit est très bon) : c'est fin, divinement coloré, et aucun détail n'est laissé au hasard, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Un premier tome magnifique, qui nous fait vibrer et voyager. A posséder absolument !