Nous sommes à Tokyo, où vit Asami, une jeune et jolie étudiante en sociologie. Dans le cadre de ses études, Asami fait des recherches sur les otaku, des personnes qui vivent exclusivement par et pour leur passion dévorante. On y trouve des adepts de jeux vidéos, ou des jeunes filles qui veulent absolument se personnaliser via la tenue vestimentaire. Souvent des gens qui ont perdu les repères moraux qui leur permettraient de vivre en société.
Les recherche d'Asami lui prennent un temps dévorant, au détriment de sa relation avec Kotaro, un jeune homme féru de cinéma (notamment le cinéma classique), et qui ne comprend pas toujours l'intérêt que porte Asami aux otaku. Ce soir, Kotaro et Asami doivent remettre à plus tard la soirée qui était prévue de longue date, encore...
Mais dans ce quartier de Akihabara, on ne trouve pas que d'innocents amoureux. La police enquête sur des meurtres de jeunes filles particulièrement sanglants. Cela fait plusieurs corps qui sont retrouvés, avec à chaque fois une partie du corps qui manque : les pieds pour une première victime, les seins pour une seconde... Les deux enquêteurs chargés de l'affaire sont maintenant persuadés que le tueur a son propre agenda, et qu'il n'opère pas en fonction de ses pulsions. Ce qui va le rendre plus difficile à coincer...
Les deux enquêteurs en question sont un vieil inspecteur qui vit seul, et un autre plus jeune qui prend le même chemin... Le métier est très prenant, et les sorties tardives le soir, entre collègues, s'accumulent. De quoi faire vite voler un couple avec enfants en éclat...
Richard Marazano nous emmène au Japon avec ce premier tome. Deux récits se croisent dans ce livre, entre les recherches d'Asami qui parvient à infiltrer une bande d'otaku pour ses recherches, ses déboires avec Kotaro, et la possibilité de rencontrer le personnage le plus geek (et donc l'otaku parfait) de tout le quartier, et l'accompagnement des deux policiers principaux sur la piste d'un tueur en séries particulièrement vicieux et intelligent.
Le rythme est très bon et accrocheur : les personnages principaux ont tous leurs faiblesses qui les rend attachants, et c'est avec un grand plaisir qu'on les suit, évoluant dans une ville qui nous est totalement inconnue, et que le livre permet de découvrir sous de multiples facettes.
Graphiquement, ce premier tome est très bon également, avec une couverture accrocheuse qui donne vraiment envie d'ouvrir le livre. Les planches de Malo Kerfriden (La rage chez 12bis) jouissent d'un dessin fin et soigné. Les personnages et leurs expressions sont détaillés, en bénéficiant souvent d'un cadrage serré lors des conversations. Les regards et les expressions font vraiment mouche, et pourraient presque se suffire à eux-mêmes, sans avoir besoin d'y ajouter la moindre bulle.
Ce premier tome d'Otaku blue sonne comme l'album de la mâturité pour Kerfriden. Il est associé ici à un scénario complexe, complet et intelligent, avec un vrai sens de la narration qu'on a déjà pu voir dans bien des séries de Marazano (Le complexe du chimpanzé, ou la série en cours Le protocole pélican) : un début très prometteur pour ce diptyque dont j'attends la suite avec la plus grande curiosité !