Les Chroniques de l'Imaginaire

Elisabeth (END - 1) - Canepa, Barbara & Canepa, Barbara & Merli, Anna

Nous sommes en octobre 1866, et tout le monde est triste en cette journée. On assiste à un enterrement. Beaucoup de jeunes filles sont présentes, ainsi que des parents et une soeur éplorés. Et pour cause, c'est la jeune Elisabeth Weatherley qu'on enterre aujourd'hui, la soeur de Dorothea. La famille Weatherley est très influente dans la région, et elle perd une petite fille de treize ans. Pourtant, une jeune fille entre dans le cimetière, et elle semble transparente... Ce n'est autre qu'Elisabeth, justement ! Mais la jeune fille a beau crier qu'elle est là et bien vivante, il n'y a personne pour la remarquer...

Elisabeth finit ainsi par s'évanouir, pour faire un rêve étrange où une créature éthérée lui enjoint qu'elle est bien encore vivante. Elisabeth s'éveille dans une grande pièce avec un lit immense, et elle est entourée de trois étranges créatures qui sont sa seule compagnie en ce lieu : Ulysse, une chauve-souris aux pattes de poulet, Napoléon, un chat aux pattes de serpent corail, et le sage Léonardo, une grenouille qui a encore une queue de tétard, et qui se comporte comme une araignée.

Apparemment, Elisabeth a déjà essayé de s'échapper de ce jardin qui semble faire office de limbes. Mais ceci lui prend beaucoup de forces, et il n'est pas certain qu'elle puisse aller bien loin. Pourtant, elle sait qu'elle ne pourra pas contacter sa soeur Dorothea, ou son amie Nora, prisonnière de cet endroit. Et elle a une lettre à leur remettre d'urgence, pour bien leur signifier qu'elle est encore en vie.

Mais apparemment, il y a une solution pour entrer en contact avec le monde des vivants, grâce aux passereaux, qui vivent nombreux autour de l'arbre qui pleure. C'est décidé : Elisabeth va entreprendre l'expédition... Et du côté des vivants ? Nora et son clan d'amies cherchent à en savoir plus sur la disparition de leur amie, même si elle est la soeur de Dorothea (qui semble avoir un pouvoir effrayant...). Il va leur falloir braver les interdits de l'école pour se rendre dans un bâtiment reculé dans les bois, où leur amie a apparemment disparu.

Nous tenons là le premier tome d'un conte fantasmagorique, illustré à quatre mains par Barbara Canepa (Skydoll) et Anna Merli. Ce conte victorien aura mis quelques années à paraître dans la collection Métamorphose de chez Soleil. Et pour cause ! La première chose qui frappe, outre la qualité de la couverture, est le soin mis dans les détails graphiques, ainsi que dans les jeux de lumières. C'est tout simplement bluffant de beauté, avec l'utilisation de vieilles encres désormais introuvables.

Les deux auteures ont ainsi fait preuve d'une perfection graphique impressionnante, qu'il est très rare de voir dans la pléthore de productions de bandes dessinées. Les personnages sont tous plus soignés les uns que les autres, leurs costumes et vêtements sont chichement travaillés, et on en oublierait presque le scénario et la malédiction qui touche Elisabeth dans ce monde de limbes : la jeune fille ne peut toucher personne sans donner la mort par contact.

Ce premier tome de END est consacré au personnage d'Elisabeth, alors que les deux suivants développeront les personnages de Nora et de Dorothea : de quoi faire le titre de la série avec les initiales des trois personnages principaux. Le récit de ce premier tome pose beaucoup de questions qui restent évidemment sans réponse. Un vaste univers est planté, et devrait nous permettre d'avoir encore quelques joies graphiques de la même veine par la suite !